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Annibal

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Ce chemin descend d'abord très lentement ; après deux kilomètres 'environ, il<br />

contourne un éperon rocheux dont la partie supérieure surgit des névés du<br />

glacier d'Ambin. Un accident survenu récemment au chemin, en cet endroit,<br />

arrêta la colonne ; <strong>Annibal</strong> essaya de contourner l'obstacle par en haut, mais le<br />

passage sur les névés fat impossible. Il fallut à toute force rétablir le chemin, en<br />

attaquant le rocher, dit Tite-Live ; en remblayant, dit Polybe. On campa<br />

provisoirement entre le col et le rocher ; puis, quand le passage fut devenu<br />

praticable aux chevaux, on les mit au pâturage près des granges de Thouille, à la<br />

lisière des forêts.<br />

Le sentier qui descend directement du col Clapier à Giaglione par les gorges de la<br />

Clarée ne répondrait guère à la description des historiens : on y chercherait en<br />

vain le glacier que les .Carthaginois n'ont pu franchir. Il est vrai que le colonel<br />

Perrin y a vu quelques poignées de neige dans les anfractuosités des rochers,<br />

mais ce n'est évidemment pas de si peu de chose qu'il s'agit. Il a fallu de<br />

véritables champs de glace et de neige pour opposer à <strong>Annibal</strong> une si sérieuse<br />

résistance, et donner lieu aux longs développements que Polybe et Tite-Live<br />

consacrent à cet épisode.<br />

De plus, pendant que l'on ouvre un passage aux éléphants, les chevaux<br />

descendent dans les pâturages, et les cavaliers reviennent travailler par corvées.<br />

Le fait est admissible s'il s'agit du pâturage de Thouille, parce que des chalets de<br />

Thouille (ou Tuglia) au rocher en question, la pente est douce et la distance peu<br />

considérable ; mais on ne voit guère les Numides descendus jusqu'à Giaglione, et<br />

remontant par corvées jusqu'aux chalets du Clapier pour redescendre ensuite.<br />

On peut remarquer que Polybe et Tite-Live ne sont pas absolument d'accord dans<br />

cette partie du récit : d'après Polybe, la partie du chemin qui s'est éboulée a trois<br />

demi-stades de long ; d'après Tite-Live, ces trois demi-stades sont la hauteur de<br />

l’escarpement. Il est difficile de faire un choix, et d'ailleurs la partie dangereuse<br />

du chemin a à peu près 300 mètres de long, l’escarpement 300 mètres de<br />

hauteur.<br />

D'autre part, Polybe dit qu'on a remblayé le chemin sur l’éboulis ; Tite-Live qu'on<br />

a entamé le rocher. Il est vraisemblable qu'on a employé les deux moyens en<br />

même temps pour aller plus vite.<br />

On a beaucoup plaisanté sur ce rocher fondu avec du vinaigre. Ce sont les rieurs<br />

qui ont tort. Tant qu'on n'a pas connu la poudre de mine, c'est le feu et l'eau<br />

(acidulée ou non) qui ont servi à attaquer les roches.<br />

Pline en parle à deux reprises : L'eau versée sur le rocher le fait éclater, si le feu<br />

n'y a pas suffi (XXIII, 27) ; et on trouve des pierres, que l'on brise par le feu el<br />

par le vinaigre (XXXIII, 21).<br />

Vitruve en parle aussi : Des pierres que le fer et le feu employé seul ne peuvent<br />

entamer, sont chauffées par le feu et on les fait éclater et pulvériser en y versant<br />

du vinaigre (VIII, 3).<br />

Dion Cassius (XXXV) s'exprime à peu près de même â propos d'une ville assiégée<br />

: Des traîtres fendirent avec du vinaigre une tour en pierres, très solide, de<br />

manière à la rendre friable1.<br />

1 Cf. BERTHELOT : De l'emploi du vinaigre dans le passage des Alpes par <strong>Annibal</strong>, ainsi<br />

que dans la guerre et les travaux de mine chez les anciens. (Journal des Savants, avril<br />

1889.)

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