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Annibal

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utriculaires sur la Durance et de barques achetées à Perthuis. La Durance était<br />

encore navigable vers la fin du XIIe siècle, puisque nous avons un acte de 1194,<br />

par lequel l’abbaye de Saint-Victor est exemptée des droits que les comtes de<br />

Provence levaient sur les bateaux chargés de sel ou de marchandises qui<br />

remontaient ou descendaient le Rhône et la Durance.<br />

Il est certain que la Durance avait un débit plus considérable il y a vingt siècles<br />

que de nos jours ; mais il semble qu'en revanche, elle se divisait en plusieurs<br />

bras et se jetait dans le Rhône par une sorte de delta aussi vaste que celui du<br />

fleuve lui-même. Ce delta, du reste, existe encore ; mais au lieu des bras de la<br />

Durance, coulant à pleins bords, il n'y a plus que de modestes canaux.<br />

La Durance, dit E. Desjardins, devait former primitivement une série de lacs,<br />

dont les dépôts se voient aujourd'hui sur le sol qu'elle couvrait jadis ; des digues<br />

ou barrages naturels retenaient ainsi, de place en place, ses eaux épandues dans<br />

cette succession de bassins, et l'effort du courant a successivement nivelé ou<br />

détruit ces barrages séparatifs. C'est à la hauteur de Mallemort qu'une de ces<br />

digues, retenant les eaux, en faisait monter le niveau, ce qui produisit la<br />

première dérivation, qui suivit la vallée où passe aujourd'hui le canal de<br />

Craponne, et se dirigea vers Lamanon et Salon. Ce bras se bifurquait à ce dernier<br />

point, envoyait une partie de ses eaux vers le Sud se confondre avec la<br />

Touloubre et se décharger dans L’étang de Berre, tandis que l’autre, côtoyant la<br />

Crau au Nord, gagnait les étangs d'Arles dans le voisinage du Rhône ; c'est ce<br />

qu'on a appelé plus tard le canal de Barbegal. Cette dérivation avait été canalisée<br />

à l'époque romaine, comme en témoignent les débris de constructions qui se<br />

rencontrent sur plusieurs points de son parcours.... Quant à l'autre bras, celui qui<br />

gagnait la Touloubre et l'étang de Berre, on reconnaît que les rochers qui<br />

l'encaissent ont été taillés de main d'homme.....<br />

Quand le barrage naturel de Mallemort eut été miné et détruit par l'effort des<br />

eaux, le déversement dans la vallée de Salon a diminué sensiblement<br />

d'importance, et ses effets salutaires n'ont pu être maintenus qu'à l'aide de<br />

travaux d'art. C'est à l'époque romaine que cette canalisation a conservé et<br />

régularisé tout ce qu'elle a pu de ce premier épanchement de la rivière.<br />

Un second barrage arrêtait autrefois les eaux de la Durance, qui envoyait en<br />

conséquence une seconde dérivation, à la hauteur d'Orgon, dans la vallée de<br />

Saint-Rémi, dans la direction de Saint-Gabriel et d'Arles.<br />

La dérivation d'Orgon avait Heu au rocher appelé lou Traou Turquet ; c'est une<br />

voûte taillée au ciseau et qui est évidemment un ouvrage des Romains. Ce cours<br />

naturel d'une partie des eaux de la Durance fut donc aussitôt canalisé, et ses<br />

traces, encore visibles, ont conservé le nom de Vieille-Durance. Il traversait les<br />

palus de Mollèges.<br />

Cette consciencieuse description laisse des doutes sur l'existence des deux bras<br />

de la Durance partant de Mallemort et d'Orgon ; il semble bien qu'ils aient<br />

disparu longtemps avant l'ère chrétienne et soient demeurés à sec jusqu'aux<br />

travaux de canalisation des Romains, dont il vient d'être question.<br />

Mais une troisième dérivation de la Durance existait certainement avant la<br />

conquête romaine. C'était de beaucoup la plus importante des trois, celle qui a<br />

laissé le plus de souvenirs et le plus de traces. Elle a attiré une si grande masse<br />

d'eau, qu'on peut se demander même si tout ce qui restait de cette indomptable<br />

rivière, après les deux saignées de Mallemort et d'Orgon, ne s'est pas précipité<br />

dans le vaste lit qui s'ouvrait entre Rognonas et Châteaurenard, par la plaine

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