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Annibal

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etc., et pourtant, sans les erreurs qu'ils ont commises, ils n'auraient jamais<br />

trouvé an écart admissible entre leur mesure et celle de Polybe.<br />

Larauza nous révèle très naïvement le préjugé qui le guidait lorsqu'il écrit (p. 16)<br />

:<br />

De Nîmes, la voie romaine allait passer le Rhône devant Arles, d'où elle<br />

remontait par Cavaillon vers Gap, Embrun et le mont Genèvre ; mais on doit<br />

nécessairement supposer qu'ici <strong>Annibal</strong> la quitta et alla traverser ce fleuve sur un<br />

point plus éloigné de la mer.<br />

Ainsi, le consciencieux écrivain nous avoue que tout semblait lui conseiller de<br />

prendre un point plus bas sur le Rhône, mais qu'il a volontairement cherché un<br />

passage plus au Nord. Il invoque à l'appui de ce raisonnement la nécessité<br />

impérieuse où se trouvait <strong>Annibal</strong> d'éviter les Romains. Nous avons expliqué<br />

pourquoi l'approche des Romains l'obligeait, au contraire, à presser son passage.<br />

Tite-Live nous a rapporté, en outre, qu'<strong>Annibal</strong> a pris la résolution d'éviter les<br />

Romains deux jours après le passage du Rhône, et que jusque-là il était dans<br />

l'hésitation.<br />

Larauza insiste enfin sur l'obligation de placer le point de passage à mi-chemin<br />

entre la mer et l’Île, et il nous prévient que celle-ci se trouvera au confluent de<br />

l’Isère. C'est un procédé bien vicieux que d'asseoir une hypothèse sur une autre,<br />

et cela quand tout jusque-là semblait devoir l'écarter2. Nous nous contenterons<br />

donc d'avoir déterminé provisoirement le point de passage en partant de<br />

données certaines, et nous verrons plus tard si le point que nous avons fixé<br />

s'accorde mal avec ce qui suit. Nous avertissons dès maintenant le lecteur que<br />

c'est le contraire qui aura lieu, le récit et les chiffres suivants de Polybe ne<br />

pouvant pas plus que les précédents se concilier avec le passage à Roquemaure,<br />

Rhodanusque, et que l'ile en question est formée par le confluent de l'Isère et du Rhône.<br />

La situation des Allobroges, dont il est parlé ici, en parait une preuve évidente. Je n'entre<br />

point dans ces sortes de disputes. J’ai cru devoir suivre la correction.<br />

1 M. de Mandajors publia, dans les Mémoires de l'Académie, deux dissertations sur ce<br />

point de critique... Son opinion ayant été adoptée par Rollin dans son Histoire romaine,<br />

IV, 305, et par le célèbre géographe d'Anville, qui a dressé les cartes de cet estimable<br />

ouvrage, est devenue en quelque sorte classique. Ils placent le passage du Rhône entre<br />

Roquemaure et Pont-Saint-Esprit. J'ai cru devoir adopter cette opinion dans un ouvrage<br />

publié il y a quelques années. Je l'ai fortifiée de nouvelles preuves.<br />

Les disputes occasionnées par la recherche de l'endroit où <strong>Annibal</strong> a passé le Rhône,<br />

paraissent donc à présent terminées. On convient assez généralement que ce fut à<br />

Roquemaure, en face d'une petite ville appelée dans ce temps-là Aeria, devenue depuis<br />

le château de Lers. (Deluc, p. 9.)<br />

2 M. Osiander (p. 93) procède de même lorsqu'il écrit :<br />

L'endroit était à environ quatre jours de marche de la mer, à 600 stades de l'embouchure<br />

de l'Isère ; si nous avons le droit d'admettre qu'il faut compter les 1.600 stades depuis le<br />

versant nord des Pyrénées jusqu'au passage du Rhône, l'emplacement est à environ 5i<br />

milles au nord de Nîmes, etc. Toutes ces données concordent pour placer le point de<br />

passage à Pont-Saint-Esprit, comme l'ont déjà fait Niebuhr, Peter et bien d'autres.<br />

On remarquera que de toutes ces données, il n'y en a qu'une seule qu'on retrouve dans<br />

Polybe, c'est celle des quatre jours de marche. Il n'y est pas question un instant de 600<br />

stades entre le point de passage et l'Isère, non plus que de 1.600 stades entre les<br />

Pyrénées et le Rhône. Ces trois hypothèses qui se prêtent un mutuel appui forment le<br />

faisceau le plus fragile, et nous ne connaissons pas de science où une pareille méthode<br />

conduise à autre chose qu'à des erreurs. Il n'y a pas deux logiques.

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