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Annibal

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Ces conclusions une fois établies par un très long et minutieux travail, où pas<br />

une ligne des deux décades envisagées n'a été omise, Nissen ne veut pas<br />

terminer sans exprimer un avis sur la question de la deuxième guerre punique. Il<br />

relit les XXIe et XXIIe livres de Tite-Live après le IIIe de Polybe, et il n'y retrouve<br />

plus cette ressemblance complète qu'il vient d'observer sans interruption dans<br />

les décades suivantes. Aussi, pour lui, n'y a-t-il pas de doute possible : On ne<br />

peut admettre en aucune manière, dit-il (p. 85), que Polybe ait été employé pour<br />

les livres XXI et XXII. L'analogie, dans ce cas comme dans quelques autres, par<br />

exemple la campagne de Scipion en Espagne et en Afrique, ne peut être<br />

attribuée qu'à l'emploi de sources communes. Les raisons en sont les suivantes :<br />

1° Tite-Live donne fidèlement le texte primitif des originaux ; Polybe l'a révisé et<br />

corrigé critiquement ;<br />

2° On peut s'expliquer pourquoi Polybe a fait les modifications qui sont rendues<br />

apparentes par les divergences des deux textes, mais il est impossible de<br />

comprendre comment Tite-Live aurait gâté son original par les additions ou<br />

modifications dont il s'agit ;<br />

3° La concordance est trop grande pour que Tite-Live ait traduit Polybe aussi<br />

exactement, étant donnée sa manière superficielle de travailler (??) ;<br />

4° C'est Tite-Live qui donne la version la plus développée, Polybe la plus courte ;<br />

c'est le contraire qui se produirait si le premier avait traduit le second.<br />

L'ouvrage de Nissen avait à peine paru, que C. Bötticher se décidait à analyser<br />

les XXIe et XXIIe livres de Polybe par les méthodes dont Nissen avait donné<br />

l'exemple, et il publiait le résultat de son travail sous un titre analogue à celui de<br />

son modèle : Kritische Untersuchungen über die Quellen des Livius im XXL und<br />

XXII. Buch, dans la 5e livraison supplémentaire des Jahrbücher fur classische<br />

Philologie, Leipzig, 1869. Nous reviendrons en détail sur cet ouvrage, qui<br />

intéresse directement notre sujet, et qui conclut comme celui de Nissen.<br />

La question est reprise dans les années suivantes par Troger (Innsbrück 1870, Der<br />

<strong>Annibal</strong>sweg in den Alpen), par Peter (Hist. Rom. Rell., Leipzig 1870) ; par Vollmer<br />

(Quæritur unde belli Punici secundi scriptoris sua hauserunt. Dissertatio Götting, 1872) ;<br />

par Wölfflin (Antiochus von Syrakus und Cælius Antipater, Winterthur, 1872) ; Posner<br />

(Quibus auctoribus in bello hannibalico enarrando usus sit Dio Cassius. — Symbola ad<br />

cognoscendam rationem, quæ inter Livium et Polybium hujus belli scriptores intercedat<br />

Dissertatio historica.... Bonn. Georg, 1871) ; Keller (Der Zweite Punische Krieg und<br />

Seine Quellen. Marb., 1875) ; Hirschfeld (Hat Livius im 21. and 22. Buche den Polybius<br />

benutzt, dans le Zeitschrift für Œsterr. Gymnasialwesen), etc., etc.<br />

Wölfflin combat l'opinion de Nissen et de Bötticher, ou plutôt il la déclare fausse,<br />

sans présenter d'argument contre elle. Il estime que Tite-Live a largement<br />

employé Polybe, mais l’a complété par quelques détails empruntés à d'autres<br />

originaux. On s'expliquerait ainsi les différences entre les deux textes quand Tite-<br />

Live est plus complet que Polybe, quoiqu'il n'y ait pas d'exemple, dans les 4e et<br />

5e décades, de menues additions et intercalations ; mais ce qui resterait<br />

mystérieux, ce serait l’absence, dans le récit de Tite-Live, de données<br />

extrêmement importantes que Polybe nous offre ; on ne comprendra surtout<br />

jamais comment l’historien latin se serait résolu à discuter, sur des chiffres<br />

incertains, la force de l'armée carthaginoise, sans arriver à une solution ferme,<br />

quand son prétendu modèle lui donnait l'effectif véritable, avec l’indication de la<br />

source où il l’avait relevé. Vollmer soutient la même opinion que Wölfflin, sans<br />

plus d'arguments. Tous deux admettent, ce qui est d'ailleurs hors de doute, que

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