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Annibal

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Il est inutile de poursuivre la recherche de ces exemples. Nous en avons assez<br />

pour savoir que Tite-Live, tout en traduisant Polybe, abrège ou allonge<br />

quelquefois d'une manière assez maladroite. Nous ne donnons pas ici<br />

d'échantillons de ses développements oratoires : ils sont assez connus. Il ne faut<br />

pas, dit Nissen, chercher de loi, de méthode dans ces suppressions et additions ;<br />

elles résultent de la légèreté et de la rapidité avec lesquelles Tite-Live a travaillé<br />

(page 21).<br />

La qualité fondamentale de la narration de Polybe lui vient d'un exposé très froid,<br />

très nu, des événements, et de la limpidité, de la netteté qu'elle conserve dans<br />

les moindres détails. Cette recherche de la clarté et de l'exactitude donne au<br />

récit tout entier quelque chose de prolixe et de large, et on peut bien dire que le<br />

nombre des mots n'est pas toujours proportionné à la véritable importance du<br />

sujet (page 21)... Cette grisaille si fine, cette simplicité qui a quelque chose de<br />

grand dans sa froideur et dans sa précision, sont perdues par Tite-Live (page 23).<br />

Nous voici loin de l'appréciation si favorable portée par Taine sur l'historien latin<br />

: La seule licence qu'il prenne est de souffler un peu de vie dans les phrases<br />

traînantes de ses froids devanciers (page 40). Nous verrons, en examinant de<br />

près les deux récits et en les comparant dans la partie qui nous intéresse, si le<br />

philosophe artiste a vu plus juste, sur celte question de forme, que le philologue.<br />

Quoi qu'il en soit, retenons dès à présent le reproche de légèreté et de rapidité<br />

qui va nous apparaître d'une manière encore plus sensible et plus curieuse dans<br />

l'assemblage des fragments copiés ou traduits par Tite-Live que dans la mise au<br />

point de chacun. Nous sommes obligés de conclure d'après une foule de traits<br />

caractéristiques, nous dira Nissen, qu'il a travaillé très vite. Après avoir parcouru<br />

les plus longs fragments et avoir fait son choix entre eux, il les traduit<br />

sommairement, phrase par phrase, sans trop se soucier d'exactitude dans les<br />

détails.... mais, malgré les à peu près innombrables, les transpositions et les<br />

négligences grossières que l'on aperçoit dans les fragments reproduits, il ne faut<br />

pas déprécier l'exactitude collective de l'œuvre (page 33)...<br />

Ce qui nous intéresse surtout, parmi les défauts que signale Nissen, ce sont les<br />

répétitions et les contradictions résultant du peu de soin avec lequel les divers<br />

fragments ont été assemblés.<br />

On trouve, par exemple, depuis le chapitre XLIV, 15 jusqu'à XLV, 3, trois<br />

relations différentes de l'ambassade de Rhodes, entre lesquelles on pourra<br />

choisir.<br />

Il n'y a pas moins de difficulté en ce qui concerne la mort de Scipion et son<br />

procès, qui avait pourtant une grosse importance pour le peuple romain ; Tite-<br />

Live nous annonce d'abord (XXXVIII, 50) qu'il place la mort de Scipion en l'an de<br />

Rome 567, d'après Valerius. Un peu plus loin (XXXVIII, 55-57), il portera cette<br />

première date à 569, pour rendre vraisemblable un discours, manifestement<br />

apocryphe d'ailleurs, que d'autres ont prêté à Scipion. Enfin, il nous apprendra<br />

(XXXIX, 52) que Polybe et Rutilius, c'est-à-dire les auteurs les mieux renseignés<br />

sur ce qui touche aux Scipions, ont donné la date de 571 ; mais il préfère s'en<br />

tenir à Valerius ou au discours apocryphe de Scipion !<br />

Ici, tout au moins, s'il se trompe, il a faut son choix et constaté lui-même la<br />

contradiction ; mais il en sera souvent autrement.<br />

Par exemple, des otages carthaginois sont conduits de Norba à Signia et<br />

Ferentinum (XXXII, 2), mais ils sont amenés en même temps à Setia (XXXII, 26).

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