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Annibal

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d'Arles ; elle rejoignait ensuite l'étang de Mayranne, et venait se déverser dans<br />

la grande lagune vive qui débouchait dans la mer au grau de Galéjon, et<br />

qu'utilisa probablement Marins.<br />

Sur la rive droite du Rhône, un bras secondaire, desséché, avait laissé subsister<br />

un chapelet de marécages entre Beaucaire et Bellegarde, entre Bellegarde et<br />

Saint-Gilles. A hauteur de Saint-Gilles, où les navires du plus fort tonnage<br />

venaient aborder, l'étroite bande de terre entre le fleuve et les plateaux était<br />

praticable, mais un peu au Sud, un bras du Rhône se détachait vers l'étang de<br />

Mauguio, par Franquevaux, le mas Gallician et Terre-de-Ports. Dans le fond de<br />

l'espace laissé entre ce bras et le petit Rhône d'Orgon existaient des lagunes,<br />

mieux délimitées et peut-être moins étendues que ne l'étaient les marécages du<br />

XVIIIe siècle.<br />

On a rétabli l'ancienne situation en creusant le canal de Beaucaire à la mer avec<br />

un tracé à peu près identique à celui du Rhône occidental (branche espagnole)<br />

d'autrefois, et aussitôt une grande partie des marais s'est trouvée asséchée : Ce<br />

canal a eu tout d'abord pour effet de dessécher en très peu de temps d'une<br />

manière complète, et de rendre cultivables tous les terrains situés au Nord.<br />

Séparés des autres marais par une large tranchée, ces terrains, jadis<br />

submersibles et presque toujours détrempés, ne communiquent plus aujourd'hui<br />

avec les étangs. Ils ne reçoivent plus que les eaux qui tombent sur le versant des<br />

coteaux contre lesquels ils sont adossés ; ces eaux restent très peu de temps sur<br />

le soi et trouvent bientôt leur écoulement naturel dans le canal d'abord, à la mer<br />

ensuite1.<br />

Le bras occidental du Rhône, aujourd'hui tari, portait avant l'ère chrétienne une<br />

partie des sédiments du fleuve à l'étang de Mauguio. Le territoire ainsi conquis<br />

sur la mer n'est devenu définitivement un sol ferme qu'au moyen âge, et nos<br />

cartes d'état-major indiquent encore le contour très net de ces anciens<br />

marécages. Ils prolongeaient l'étang jusqu'aux environs de Marsillargues. Depuis<br />

que le Vidourie est seul pour accomplir l'œuvre de colmatage, ses progrès sont<br />

beaucoup plus lents. Aussi ne peut-on pas admettre que le Rhône ait cessé de<br />

couler vers l'étang de Mauguio avant la période historique, ni que ses alluvions<br />

fussent déjà consolidées tors de sa disparition, et que la zone récemment<br />

conquise, très apparente sur nos cartes, soit l'œuvre du Vidourie.<br />

De toutes parts, le rivage terrestre des étangs de Mauguio et de Thau a peu<br />

gagné sur les lagunes ; celui du cordon littoral a gagné et perdu2. Le détail de<br />

ces transformations n'intéresse pas notre sujet, et il suffira de mentionner la plus<br />

importante, la scission de l'ancien étang Traphus en deux parties, étang de<br />

Mauguio d'une part, étang de Thau de l'autre.<br />

Non seulement dans l'antiquité, mais jusqu'au XVIIIe siècle, c'est une seule<br />

nappe d'eau qui s'étendait depuis Marsillargues jusqu'à Agde, et le cordon littoral<br />

qui la séparait de la mer, encore imparfaitement formé, laissait de nombreuses<br />

et faciles communications avec le large.<br />

1 Ch. LENTHÉRIC, La Région du bas Rhône, p. 60.<br />

2 Le long de l’étang de Mauguio, la plage ne subit aucune modification sensible, et les<br />

ensablements des graus de Palavas et de Cette sont dus au transport des sables arrachés<br />

par les vagues des tempêtes aux abords mêmes de ces deux graus. Vis-à-vis Mauguio,<br />

on se trouve sur le cordon littoral originaire, qui parait ne pas avoir subi de mouvement<br />

appréciable depuis l'origine des temps historiques. (Ch. LENTHÉRIC, Les Villes mortes, p.<br />

331.)

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