Annibal
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
que tant d'historiens se soient trompés ; on voudra savoir s'il est bien vrai qu'ils<br />
n'avaient pas d'excellentes raisons pour choisir un point aussi différent de celui<br />
que nous proposons. Nous allons donc reprendre sommairement les calculs de<br />
nos prédécesseurs et montrer ce qui en fausse les conclusions.<br />
On a fait passer le Rhône par <strong>Annibal</strong> :<br />
1° Près d'Arles (Quiqueran de Beaujeu, Doujat, le P. Fabre) ;<br />
2° Près de Tarascon (De Marca, Mandajors) ;<br />
3° Près d'Avignon (H. Bouche, Cambis, Imbert Desgranges) ;<br />
4° Près de Roquemaure et d'Orange (Martin de Bagnols, Rollin, Napoléon,<br />
Giraud, Du Puy, Fortia d'Urban, Deluc, Larauza, Letronne, A. Thierry, Lavalette,<br />
Hennebert, Azan, etc.) ;<br />
5° Près de Pont-Saint-Esprit (Rogniat, Saint-Simon, de Vaissète, colonel Perrin,<br />
Osiander ;<br />
6° A Loriol (Whitaker.)<br />
La plupart des historiens que nous ne citons pas adoptent Roquemaure ou Pont-<br />
Saint-Esprit, de confiance.<br />
Larauza fait suivre à l'armée carthaginoise la voie romaine de Figuières à Nîmes.<br />
Il commet sur la longueur du trajet quelques petites erreurs, comptant XIII<br />
milles au lieu de XIV entre Illiberris et Combusta, confondant Juncaria avec la<br />
Junquera, et trouvant 40 kilomètres d'Ampurias au Perthus par la Junquera,<br />
tandis qu'il y en a près de 44. Il prolonge la marche d'<strong>Annibal</strong> de Nîmes sur<br />
Roquemaure, et donne à ce dernier segment 41 kilomètres au lieu de 47 ou 48.<br />
Au total, entre Ampurias et Roquemaure, il trouve 13 kilomètres de moins qu'il<br />
n'y en a en réalité, même si l'on accepte les chiffres des itinéraires romains.<br />
Malgré cette première erreur, et bien qu'il évalue le stade à 1/8 de mille, ou 184<br />
mètres, il trouve que le chiffre de Polybe ne le conduit qu'à Beaucaire ou<br />
Aramon. Il n'en revient pas moins à Roquemaure, où s'est fixée l'attention de ses<br />
prédécesseurs, moyennant une différence de 15 kilomètres, qu'il juge admissible<br />
avec raison. Mais que l'on fasse disparaître de son travail les erreurs<br />
d'évaluation, et l'écart deviendra tel qu'il faudra renoncer à Roquemaure.<br />
Deluc a trouvé des chiffres inférieurs encore à ceux de Larauza, en suivant le<br />
même tracé : il a pris Castellon-de-Ampurias pour point de départ, au lieu<br />
d'Ampurias, et il compte seulement 31km,600 d'Emporion au col au lieu de<br />
43km,700. Il prend des chiffres assez exacts depuis le col jusqu'à Nîmes, mais la<br />
longueur qu'il attribue au trajet de Nîmes à Roquemaure est trop faible de<br />
quelques kilomètres ; au total, il trouve un chiffre trop faible de 15 kilomètres, et<br />
fait les mêmes réflexions que Larauza.<br />
Tous deux ont été (inconsciemment ou non) attirés vers Roquemaure et Pont-<br />
Saint-Esprit par l'influence de Rollin1, de d'Anville, de Saint-Simon, de Folard1,<br />
1 ROLLIN, IV, p. 418, note.<br />
On croit que ce fut entre Roquemaure et Pont Saint-Esprit. Rollin (page 427, note) nous<br />
indique la valeur de ses sources : Le texte de Polybe, tel que nous l’avons, et celui de<br />
Tite-Live, mettent cette île entre la Saône et le Rhône, c'est-à-dire à l’endroit où Lyon a<br />
été bâti. On prétend que c'est une faute, il y avait dans le grec Σκώρας, et l'on a<br />
substitué à ce mot ό Άράρος. J. Gronove dit avoir vu dans un manuscrit de Tite-Live<br />
Bisarar, ce qui montre qu'il faut lire Isara Rhodanusque amnes, au lieu de Arar