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Annibal

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murs mêmes de la ville, c'est qu'il n'obéit plus aux lois naturelles et qu'il y a été<br />

conduit artificiellement par une véritable dérivation.<br />

En résumé, l’on peut dire que le Rhône, abandonné à lui-même, a été porté vers<br />

l’ouest par la pente générale du terrain et par l'effet, constaté dans tous les<br />

cours d'eau du globe, de la rotation terrestre. Contrairement aux observations du<br />

colonel Perrin, le bras principal du Rhône, tant que la canalisation ne l'a pas<br />

détourné, a suivi le pied des hauteurs de la rive droite. Ceci d'ailleurs est de peu<br />

d'importance pour nous ; l’essentiel est de savoir que les bras et les îles du<br />

Rhône, comme nous l'apprend M. Lenthéric, sont perpétuellement instables. Où<br />

le Rhône embrasse aujourd'hui une île, il a pu très bien n'avoir autrefois qu'un<br />

bras unique, et inversement. On se trompe donc fort lorsqu'on veut préciser le<br />

point de passage d'<strong>Annibal</strong>, soit d'après le tracé actuel, soit d'après celui du<br />

XVIIIe, du XVIIe, voire même du XVIe siècle. Les recherches de cette nature<br />

peuvent être considérées comme non avenues. Leur suppression, d'ailleurs,<br />

n'infirme en rien les conclusions générales d'un auteur, et il semble vraiment<br />

qu'on devrait s'estimer bien heureux si l'on connaissait le véritable passage à 20<br />

kilomètres près, sans faire parade d'une exactitude illusoire.<br />

Il ne faut pas, cependant, sur ce point comme sur beaucoup d'autres, s'exagérer<br />

les transformations accomplies depuis vingt siècles. Certes, les îles du Rhône,<br />

pendant cette période, ont pu tantôt s'agglomérer et tantôt se subdiviser ; des<br />

bras nouveaux ont pu se former ; toutefois, les principaux accidents qui<br />

marquent le cours du fleuve sont restés les mêmes. Une grande île comme celle<br />

de la Barthelasse, qu'elle se soude à un petit îlot voisin ou qu'elle se divise<br />

momentanément à Tune de ses extrémités, n'en garde pas moins à travers les<br />

siècles son existence et sa forme générale. Les bras qui naissent ou qui<br />

disparaissent sont à peu près sans importance au point de vue du passage. II n'y<br />

a guère dans le Rhône, à chaque instant, qu'un seul bras navigable, profond et<br />

large ; les autres sont insignifiants et presque toujours guéables ou même<br />

desséchés dans la période des basses eaux.<br />

<strong>Annibal</strong>, ayant franchi le Rhône dans la saison où les eaux sont les plus basses,<br />

ne devait pas se soucier beaucoup de ces bras secondaires du fleuve. Aussi<br />

s'étonnerait-on du soin avec lequel son historien a noté qu'il choisit un point où<br />

le fleuve n'avait qu'un seul bras, si l'on ne devait trouver une explication plus<br />

naturelle en plaçant le point de passage plus bas.<br />

Dans la partie que nous venons d'étudier, le Rhône reçoit un affluent de gauche,<br />

l'Eygues, dont la vallée, souvent étroite, offre pourtant une communication facile<br />

avec celle de la Durance ; on y trouve les vestiges d'une voie romaine, peut-être<br />

celle que mentionne Strabon pour le trajet d'Arles à Briançon. L'Eygues reçoit à<br />

droite, dans les montagnes, un affluent nommé l’Oule, puis il débouche en<br />

plaine, guidé par deux rangées de collines parallèles. A peu de distance du<br />

Rhône, il forme une sorte de delta, détachant à gauche un bras secondaire, qui<br />

passe à Orange.<br />

En aval de l'Eygues, le Rhône reçoit l’Ouvèze et la Sorgues. L'Ouvèze coule à peu<br />

près parallèlement à l’Eygues ; la Sorgues jaillit des montagnes par la fontaine<br />

de Vaucluse, se répand dans la plaine en un grand nombre de canaux naturels ou<br />

artificiels et forme enfin deux bras, dont l'un va rejoindre l’Ouvèze a Bédarrides,<br />

tandis que l’autre descend par Védène à Avignon.<br />

Strabon dit (IV, 11) en parlant de ces trois cours d'eau : Entre la Durance et<br />

l’Isère, il y a d'autres rivières qui descendent des Alpes dans le Rhône : deux

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