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Annibal

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Rhône, à cause des relations commerciales avec les ports de la côte ; quant aux<br />

nacelles monoxyles, il dit qu'on en trouva un certain nombre, et qu'on en<br />

fabriqua beaucoup. Tite-Live, plus pittoresque, et peut-être moins exact, nous<br />

montre les mariniers improvisant pour cette occasion des nacelles creusées dans<br />

des troncs d'arbre, etc.<br />

Le passage du Rhône commence, d'après les deux historiens, par l'apparition<br />

d'une foule de barbares sur l'autre rive, et le mouvement tournant d'Hannon. Le<br />

passage de ce dernier est raconté avec plus de détails par Tite-Live, qui nous<br />

dépeint les Espagnols passant le Rhône sur leurs boucliers avec leurs vêtements<br />

sur des outres (le contraire serait peut-être plus vraisemblable). Le combat sur la<br />

rive, bien que les deux relations ne présentent aucune différence quant au fond,<br />

n'est pas décrit en termes identiques, ni en suivant le même ordre.<br />

Pour le passage des éléphants, la divergence est encore plus notable : Tite-Live<br />

le place aussitôt après le combat contre les Gaulois, avant l'arrivée de la mission<br />

cisalpine et l'apparition des cavaliers romains ; Polybe, au contraire, ne fait<br />

traverser les éléphants que le lendemain, au moment de reprendre la marche<br />

vers les Alpes. D'après Tite-Live, une partie des éléphants aurait passé à la nage,<br />

tandis que Polybe ne donne que le procédé des radeaux, que Tite-Live décrit<br />

aussi pour finir.<br />

Tite-Live a négligé de nous dire à quel moment <strong>Annibal</strong> avait été prévenu du<br />

débarquement de Scipion. D'après Polybe, ce fut après 5on combat contre les<br />

Gaulois. Quoi qu'il en soit, tous deux placent ici l'envoi d'une reconnaissance vers<br />

la mer (XXI, 29 et III, 44) ; mais Polybe, qui raconte les événements comme ferait<br />

un chroniqueur carthaginois, ne passe pas aussitôt au récit de la rencontre entre<br />

les deux cavaleries : il cite auparavant l'arrivée de la mission cisalpine (Magil) et<br />

l'assemblée où <strong>Annibal</strong> prend la parole. Tite-Live, au contraire, veut en finir avec<br />

la cavalerie, et pour plus de clarté, raconte immédiatement le combat des deux<br />

reconnaissances. Il le raconte, du reste, en supprimant ce détail caractéristique,<br />

soigneusement conservé par Polybe, que les cavaliers romains ont poussé<br />

jusqu'au camp.<br />

La reconnaissance romaine, dans Tite-Live, rentre sans avoir rien reconnu.<br />

Les discours tenus par les Cisalpins et par <strong>Annibal</strong> (III, 45 et XXI, 30) sont assez<br />

différents dans les deux auteurs. Celui que prononce <strong>Annibal</strong> mérite un examen<br />

particulier.<br />

Polybe ne paraît pas supposer que le moral de la troupe fut déprimé, au<br />

contraire. Il fait donc parler <strong>Annibal</strong> sur un ton de joyeuse confiance, et après<br />

quelques mots, il termine brièvement son allocution, en véritable chef, par un<br />

ordre. Dans Tite-Live, le tableau est poussé au noir, les troupes démoralisées ;<br />

<strong>Annibal</strong> éclate en reproches. Toutefois, pour commencer, les arguments sont les<br />

mêmes, il n'y a qu'une transposition d’un mode majeur à un mode mineur.<br />

<strong>Annibal</strong>, dans l'histoire de Polybe, rappelle à ses hommes ce qu'ils ont déjà fait ;<br />

il leur dit qu'ils ont réussi dans toutes leurs entreprises, et que, pour la marche<br />

vers l'Italie, le plus fort est fait. — Dans Tite-Live, <strong>Annibal</strong> s'étonne de cette<br />

terreur subite : Il y a tant d'années qu'il les mène à la victoire ! Et ils ne sont<br />

sortis d'Espagne qu'après avoir soumis à Carthage toutes les terres et tous les<br />

peuples de la péninsule... Là, Tite-Live reproduit le discours que Polybe a placé<br />

avant le départ de Carthagène (III, 34) : Indignés de ce que le peuple romain<br />

avait osé demander, etc.

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