Annibal
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historiens les citent, les itinéraires mentionnent ces deux villes, etc. On a donc<br />
sur ce point une certitude absolue. Ce qui est moins bien défini, c'est l'étendue<br />
de la zone soumise à l'influence des Caturiges. Si on les restreignait au territoire<br />
de Chorges et Embrun, on ne s'expliquerait pas l'importance que leur attribuaient<br />
les écrivains anciens : il faut donc supposer qu'ils dominaient tout le<br />
Briançonnais, hypothèse rendue très plausible par leur situation sur la Durance<br />
au débouché du Queyras et sur la route de Gap, la plus importante de toute cette<br />
région. La situation prépondérante des Caturiges a dû cependant leur être<br />
enlevée de bonne heure : déjà Strabon pousse le territoire des Voconces<br />
jusqu'aux portes d'Embrun ; Cottius n'est pas originaire de ce pays, mais de<br />
Suse, et Ptolémée place Briançon chez les Segusini, non chez les Caturiges. Plus<br />
tard, enfin, c'est au diocèse de Saint-Jean-de-Maurienne qu'on rattache<br />
Briançon, et le diocèse de Gap réduit l'ancien territoire des Caturiges à la<br />
banlieue d'Embrun.<br />
Il y a longtemps que l'on proposait d'identifier les Brigiani avec les habitants de<br />
Briançon (Brigantio) et les Savincates avec ceux de Savines ; on supposait aussi<br />
que les Quadiates du groupe cottien étaient les habitants du Queyras. Ces<br />
rapprochements peu satisfaisants ont cependant reçu confirmation par la<br />
découverte aux Escoyères (vallée de Queyras) d'une inscription nommant les<br />
Brigiani, les Quariates et les Savincates1. On peut donc placer presque avec<br />
certitude, les Brigiani à Briançon, les Savincates à Savine, les Quadiates ou<br />
Quariates dans le Queyras, puisqu’ils doivent se trouver tous trois voisins de<br />
cette dernière région.<br />
Trois peuples sont connus, également, parmi les derniers cités dans l'inscription<br />
de la Turbie : les Vergunni ont laissé leur nom à Vergons (au nord-est de<br />
Castellane) qui s'appelait au moyen âge De Vergunnis. Les Nerusi habitaient la<br />
rive droite du Var près de son embouchure ; leur capitale était Vintia (Vence). Les<br />
Suetri habitaient Salinæ (Castellane).<br />
Voilà où se limitent les données certaines dans cette identification des peuples<br />
alpins. Quelques-uns, cependant, peuvent encore être placés avec quelque<br />
confiance : les Seçusini sont les habitants de Suse (Segusio) ; les Belaci, ceux de<br />
la vallée d' Bardonnèche, où le bourg de Beaulard s'appelait autrefois Belac ; les<br />
Segovii habitaient entre le mont Genèvre et le col de Sestrières, où le hameau de<br />
Chamlas-Seguin a porté le nom de Villa Segovina2.<br />
On pense également que les Edenates habitaient Seyne, qui s'est appelée<br />
Edenat, et les Ectini Saint-Étienne-de-Tinée.<br />
Tout le reste est pure hypothèse, mais on peut essayer, au moyen des noms<br />
déjà attribués, de limiter le champ où l'on devra caser les peuples inconnus.<br />
Les états de Cottius comprennent, d'après ce que nous en savons déjà, la<br />
Maurienne, le val de Suse, le Briançonnais, le Queyras et la vallée de la Durance<br />
en amont de l'Ubaye. Nous n'avons là qu'une partie de ce qu'on appellera plus<br />
tard les Vallées Vaudoises, mais aussi nous n'avons pu placer que sept peuples<br />
sur quatorze. Il nous reste donc à remplir un territoire à peu près équivalent à<br />
celui dont nous connaissons déjà les habitants. Or, les vallées vaudoises<br />
italiennes n'ont jamais été séparées de leurs voisines du versant français que par<br />
1 Inscriptions des Escoyères. TIVOLLIER, Monographie de la vallée du Queyras, p. 31-33,<br />
Gap, 1897.<br />
2 WALCKENAER, t. II, p. 29-32. — DURANDI, Piemonte transpadane, p. 52.