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Annibal

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Phéniciens depuis de longs siècles. C'était celle que les Gaulois avaient suivie<br />

pour descendre en Italie.<br />

<strong>Annibal</strong>, en prenant congé de ses alliés Cavares, ne suit donc pas la route la plus<br />

courte, celle de Gap et du mont Genèvre ; mais il appuie à gauche, continuant à<br />

remonter le Rhône. Son escorte cavare lui procure un bon accueil tant qu'il reste<br />

chez les Tricastins et les Segallauni, peuples qui subissent peut-être l'influence<br />

des Allobroges, mais sont plutôt unis aux Cavares.<br />

Il arrive ainsi près du confluent de l'Isère, puis s'écarte du Rhône. Les rivières<br />

qu'il a rencontrées jusqu'ici étaient insignifiantes, dans cette saison de<br />

sécheresse ; le passage de l'Isère, seul, aurait valu d'être mentionné, s'il avait<br />

eu lieu ; mais <strong>Annibal</strong> ne franchit pas cette rivière : il en remonte la rive gauche,<br />

et entre bientôt chez les Allobroges.<br />

Là, son escorte de cavaliers cavares le quitte, peu soucieuse de brouiller son<br />

peuple avec ces farouches Allobroges, puissants par eux-mêmes et par leur<br />

alliance avec les Arvernes.<br />

La colonne carthaginoise se présente seule à l'entrée des montagnes. Les<br />

escarpements du Vercors, que l’on apercevait à droite dans le lointain, se<br />

rapprochent peu à peu, et resserrent la plaine contre l'Isère. Les Carthaginois<br />

s'engagent dans une sorte d'entonnoir, dont la pointe serait au bec de l'Échaillon.<br />

Les premiers Allobroges que l'on rencontre, sur les rives de la Bourne, s'enfuient<br />

et, avec raison, n'essaient aucune résistance ; mais, derrière eux, toute la<br />

nation, tenue sans doute en éveil depuis plusieurs jours, prend les armes et se<br />

rassemble à Grenoble : les guerriers décident de se porter sur les pentes au pied<br />

desquelles passe la route, entre Grenoble et l'Échaillon, pour tomber dans le<br />

flanc de la colonne carthaginoise lorsqu'elle y défilera, et la précipiter dans<br />

l'Isère. En attendant, on reste dans la plaine, chacun regagnera son poste pour<br />

le jour décisif.<br />

Mais ces Gaulois sont curieux ; ils veulent voir l'ennemi : nombre d'entre eux<br />

s'avancent jusqu'au rebord occidental des montagnes, et à leur vue, <strong>Annibal</strong><br />

comprend que toute une armée est là, qui se prépare au combat. Il s'arrête<br />

donc, au sud de Saint-Quentin, et envoie des espions en reconnaissance. Il<br />

apprend que les Allobroges sont prêts à l'assaillir lorsqu'il aura tourné ce cap de<br />

l'Échaillon, mais qu'en attendant ils passeront la nuit dans la plaine. Il porte son<br />

camp jusqu'à proximité du passage et, la nuit venue, le franchit avec un corps de<br />

troupes d'élite. Au matin, les Gaulois le trouvent sur les hauteurs où ils voulaient<br />

se poster, tandis que le gros de la colonne défile déjà sur la route.<br />

Ici, le chef carthaginois fait preuve, pendant quelques instants, d'une singulière<br />

inertie : il regarde et n'agit pas. Il n'emploie pas la troupe de combat qu'il a sous<br />

la main à dégager le défilé jusque dans la plaine ; il laisse son interminable<br />

colonne se dérouler sur ce chemin périlleux, il laisse même les Gaulois attaquer,<br />

causer en quelques minutes des pertes énormes, sans se décider à intervenir.<br />

Enfin, il descend les pentes de la montagne à toute vitesse, et fond à son tour<br />

sur les Allobroges. Il les bat, les chasse du champ de bataille, et deux heures<br />

plus tard, il entre dans leur ville Cularo (Grenoble).<br />

Cette première bataille a coûté cher ; malgré ce que dit Polybe, ce n'est pas la<br />

cavalerie surtout qui à souffert. Il faut compter environ 10.000 hommes tués ou<br />

disparus, parmi lesquels, sans doute, un grand nombre auront déserté.

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