Goethe, Johann Wolfgang von (1749-1832). Faust ... - Musicontempo

360 SCHILLER.
PÉGASE MIS AU JOUG.
Dans un marché ( à, Hay-Market, je crois), certain
poète affamé mit en vente Pégase, parmi beaucoup d'autres
chevaux à vendre.
Le cheval ailé hennissait et se cabrait avec des mouve-
mens majestueux. Tout le monde l'admirant, s'écriait
« Le noble animal quel dommage qu'une inutile paire
d'ailes dépare, sa taille élancée îî serait l'ornement du
plus bel attelage. La race en est rare, car personne n'est
tenté de voyager dans les airs. » Et chacun craignait d'exposer
son argent à un pareil achat un fermier en eut en-
1; p~'
vie « II est vrai, dit-il, que ses ailes ne peuvent servir à
rien, mais en les attachant ou en les coupant, ce cheval
sera toujours bon pour le tirage. J'y risquerais bien vingt
livres. » Le poète ravi lui frappe dans la main « Un
hommen'a qu'une parole! » s'écrie-t-il, et maître Jean part
gaiement avec son emplette. ~.q?j Y;.? ?,·2~
Le noble cheval est attelé; majs à peine sent-il une
charge inconnue, qu'il s'élance indigné, et d'une secousse
impétueuse jette le chariot dans un fossé « Oh 1 oh1 dit
maître Jean, ce cheval est trop vif pour ne mener qu'une
charrette. Expérience vaut science; demain j'ai des voyageurs
à conduire, je l'attèlerai à la voiture il est assez fort
pour me faire le service de deux autres chevaux, et sa
fougue passera avec l'âge. »
D'abord tout alla bien le léger coursier communiquait
son ardeur à l'indigne attelage dont il faisait partie,
et la
voiture volait comme un trait. Mais qu'en arriva-t-il ?Les
yeux fixés au ciel, et peu accoutumé à cheminer d'un pas
égal, il abandonne bientôt la route tracée, et, n'obéissant