Mmoires du vice-amiral baron Grivel : Rvolution-Empire - Les ...

CHAPITRE VII
CAMPAGNE D AUSTERLITZ
Knthousiasme général. — Je fais partie du détachement des marins de la
Garde. — J'accompagne quatre grands bateaux sur le Danube. — Vienne.
— La comtesse Hoyos. — Le baron de Bubna. — Relations avec une
famille hongroise. — Victoire d'Austerlitz. — Napoléon signe la paix. —
Sa modération envers les Viennois. — Retour à travers la Bavière et les
bords du Rhin — Quels vaillants soldats! — Paris nous préparait une
réception grandiose.
Au premier bruit d'une campagne au delà du Rhin, ce furent
des cris de joie! A ce sentiment très réel se joignait le plaisir de
changer de place, et peut-être, sans qu'on s'en rendît compte,
celui d'échapper au sabot. Les soldats se sentaieut allégés de
cette pensée de l'embarquement, qui les avait toujours un peu
préoccupés. Ils retrouvaient leur terrain et comptaient pour
rien les dangers ordinaires de la guerre; puis ils entrevoyaient
les grades, les croix, sans compter qu'ils allaient manger
encore les patates des Allemands, ce qui leur souriait beaucoup.
Ce fut une fête dans les trois camps, lorsqu'on apprit la nou-
velle destination de l'armée. Déjà on connaissait l'entrée des
Autrichiens en Bavière et le passage de l'Inu. L'armée s'ébranla
et marcha vers l'Allemagne, comme on va à la noce.
Nous rongions notre frein à Boulogne pendant ce temps-là,
cl toujours avec un chagrin réel; car l'opération était aban-
donnée, ou du moins fort ajournée. Un ordre subit, auquel
uous ne nous attendions guère, vint nous consoler. Un détache-
ment de cent vingt marins de la darde dut s'acheminer vers la