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Mmoires du vice-amiral baron Grivel : Rvolution-Empire - Les ...

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36 MEMOIRES DU VICE-AMIRAL BAROX G RIVE L<br />

Ainsi les officiers avaient 8 francs par mois en numéraire et<br />

tout le reste, élèves compris, 3 francs en monnaie de billon, ce<br />

qui revenait exactement à deux sous par jour. Ces deux sous<br />

servaient à acheter <strong>du</strong> savon pour se blanchir, <strong>du</strong> (il pour rac-<br />

commoder ses hardes et trop souvent pour se procurer de<br />

petites raves, qui donnaient quelque saveur au déjeuner <strong>du</strong><br />

matin des jeunes yens sans prévoyance. On s'ingéniait dans<br />

tous les postes, non pour vivre, puisque la ration suffisait à la<br />

rigueur pour cela, mais pour se vêtir. Il y avait bien, à bord de<br />

chaque navire, un coffre de hardes que le commissaire distri-<br />

buait aux marins de temps à autre, en apostillant la valeur des<br />

objets délivrés sur la solde de la partie prenante, mais les<br />

élèves n'étaient pas facilement admis à se pourvoir dans cette<br />

réserve, d'ailleurs fort exiguë. Cependant ils y prenaient par-ci<br />

par-là un pantalon ou une veste, car plusieurs manquaient des<br />

vêtements les plus indispensables. Il suit de là qu'où ne par-<br />

lait point de tenue à cette époque, et que chacun s'habillait<br />

comme il pouvait. Il n'était pas rare qu'on portât sou chapeau<br />

rond recouvert de toile à voile qu'on peignait en noir, et des<br />

souliers fabriqués avec de la tresse, et dont le dessus était en<br />

mélis double. C'était décidément la misère, mais, comme elle<br />

était générale, nul n'en rougissait. Combien de fois m'est-il<br />

arrivé d'aller laver mon linge en compagnie de jeunes gens<br />

qui, avant et depuis, ont laissé ce soin à d'autres et dont plu-<br />

sieurs sont devenus des personnages?<br />

On vivait, comme je l'ai dit, avec la ration. Il fallait de bous<br />

estomacs pour se faire à ce régime, car il était loin d'être con-<br />

fortable et encore moins délicat, mais la nécessité faisait passer<br />

sur le dégoût. On butinait à bord des prises quand on les ama-<br />

riuait, et c'était toujours vers la partie essentielle des vivres que<br />

se dirigeait la convoitise des élèves. Malheur à celui qui reve-<br />

nait les mains vides pour la gamelle. Il était sûr d'être mal<br />

accueilli et bafoué, comme le conscrit qui apporte un serin à<br />

son caporal en revenant de la maraude. Aussi l'on savait en

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