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Mmoires du vice-amiral baron Grivel : Rvolution-Empire - Les ...

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LES CENT JOURS 345<br />

gauche. Ceux-Ia, <strong>du</strong> moins, conservèrent l'honneur de la<br />

France, comme ils le comprenaient, sous quelque bannière<br />

qu'ils combattissent, l'héroïque Vendéen, comme le non moins<br />

héroïque soldat de la République, et ils arriveront à droits<br />

égaux à la postérité.<br />

Le moment fatal ne pouvait tarder. Ou connaissait, jour<br />

par jour, les mouvements de la petite colonne impériale, les<br />

adjonctions qui la renforçaient et l'adhésion enthousiasle des<br />

paysans. Bientôt on apprit que le Rhône ne l'avait nullement<br />

arrêtée, qu'elle était entrée à Lyon, aux acclamations <strong>du</strong> peu-<br />

ple, et que Monsieur, frère <strong>du</strong> Roi, avait été obligé de partir à<br />

son approche, suivi d'un seul cavalier de la garde nationale,<br />

auquel l'Empereur avait eu le bon goût de donner la croix.<br />

Toutes ces nouvelles arrivant coup sur coup déterminèrent le<br />

départ de la Cour et des adhérents les plus compromis. Au reste,<br />

les portemanteaux étaient faits depuis le débarquement, et, si<br />

jamais on avait songé à la résistance, personne n'en parla plus,<br />

dès que le danger fut imminent.<br />

L'Empereur arriva le 20 mars au soir et fut porté aux Tuile-<br />

ries par le flot populaire. Il y trouva une foule d'officiers de tout<br />

grade fort empressés de le voir et quelques-uns de se faire voir.<br />

Il donna la main à ceux qui purent l'approcher, avec une<br />

sorte de cordialité, et j'eus la chance d'être de ceux-là. Il avait<br />

l'air d'être fatigué, et je remarquai que le ceinturon de son<br />

épée était un peu affalé. Il me paru vieilli (ce qui n'avait rien<br />

d'étonnant après tant de fortunes diverses), mais satisfait d'avoir<br />

mené à bien sa prodigieuse aventure. Quand on pense aux dif-<br />

ficultés qu'il avait eues en face avant d'entreprendre quoi que<br />

ce soit, à l'exigu i té des moyens dont il disposait dans le prin-<br />

cipe et au succès qui couronna son entreprise, on est forcé de<br />

convenir que, depuis le retour de Marins à Rome, avant son<br />

septième consulat, le inonde n'avait rien vu de si étonnant.<br />

Parti de l'île d'Elbe avec moins de 400 hommes de sou<br />

ancienne Garde, il se fait débarquer sur la côte de Provence à

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