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Mmoires du vice-amiral baron Grivel : Rvolution-Empire - Les ...

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T1LSITT 131<br />

avait amené de grands mouvements et bientôt nous fûmes<br />

envoyés à Stettin, où nous séjournâmes pendant près d'un<br />

mois. Le hasard m'envoya sur la grande place de la ville dans<br />

une fort belle maison appartenant à M. le conseiller Gisler.<br />

J'arrivai très fatigué et à demi étouffé par la poussière et la cha-<br />

leur. J'avais été précédé par un domestique et mes chevaux.<br />

On me plaça dans un grand cabinet assez commode, et tout le<br />

monde fut content.<br />

A quelques jours de là, je m'occupais <strong>du</strong> recensement des<br />

navires qui étaient en rivière, mon colonel voulant savoir le<br />

parti qu'on en pourrait tirer en cas de besoin, quand survint<br />

une pauvre femme qui tremblait pour un petit schooner dont<br />

son fils était patron, et qui, disait-elle, donnait à vivre à toute<br />

sa famille. Mlle Philippine, fille <strong>du</strong> conseiller, qui servait d'in-<br />

terprète, joignant ses sollicitations à celles de la veuve, il ne<br />

fut pas difficile à celle-ci de l'emporter, et elle s'éloigna bien<br />

joyeuse de voir sa barque échapper à la Conscription. Le fait<br />

est qu'on ne prit aucun de ces vaisseaux grands ou petits, mais<br />

l'Empereur qui pensait à tout, comme chacun sait, pouvait<br />

d'un moment à l'autre demander des renseignements, et<br />

chaque chef de ser<strong>vice</strong> était alerte pour cette raison. A peine<br />

arrivés dans un port, nous devions nous enquérir des ressources<br />

qu'il pouvait offrir tant en matières navales qu'en bâtiments<br />

susceptibles d'être armés en guerre ou servir de transports.<br />

Nous devions enfin nous livrer à toutes les investigations qui<br />

concernaient notre partie, et c'est ce que nous ne manquions<br />

pas de faire.<br />

<strong>Les</strong> marins de la Garde avaient été envoyés à Kœnisberg, et<br />

nous allâmes les y joindre, mon ami Leroy et moi. La guerre<br />

tirait à sa fin et la bataille de Friedland, le 14 juin 1807,<br />

termina les opérations de la campagne. <strong>Les</strong> deux armées,<br />

séparées par le Niémen, avaient leurs Quartiers généraux près<br />

l'un de l'autre, et une armistice acheva de les immobiliser. A<br />

peine la mesure était-elle connue qu'on m'expédia en toute

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