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Mmoires du vice-amiral baron Grivel : Rvolution-Empire - Les ...

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218 MEMOIRES DU VICE-AMIRAL BARON GRIVEL<br />

pour le moment, dans leurs familles. Enfin je recueillis tout<br />

ce que je pus recueillir, et Gueydan, quoique bien fatigué,<br />

voulut continuer avec moi, voyant que j'étais seul, ou à peu<br />

près. Il m'accompagna à Francfort, où je fus envoyé bientôt<br />

après, pendant que l'armée se réorganisait. Je ne connaissais<br />

pas encore cette gracieuse ville, qui, récemment démantelée,<br />

avait converti ses fossés en jardins et qui avait au printemps<br />

l'air d'être entourée d'une ceinture de fleurs. Je fus logé cbez<br />

de braves gens fort peu accueillants, qui me séquestrèrent dans<br />

mon appartement, tout en m'y faisant bien servir.<br />

Je m'accommodai assez bien de cette séquestration, car<br />

j'avais fait connaissance avec quelques personnes aimables qui<br />

ne me laissaient pas le temps de m'eunuyer. J'avais d'ailleurs<br />

beaucoup à faire pour ma troupe et je l'exerçais chaque jour<br />

avec soin, car je commençais à croire que nous serions fort<br />

occupés avant peu et qu'il y en aurait pour tout le monde. C'est<br />

pendant le peu de loisir que j'avais à Francfort qu'il me passa<br />

par la tête de vouloir apprendre l'allemand. J'allais souvent<br />

chez un honnête libraire fort érudit et qui m'avait inculqué, je<br />

ne sais comment, cette fantaisie. Il m'avait proposé un maitre<br />

si capable, que cela, disait-il, devait aller tout seul. Il n'en fut<br />

rien, néanmoins, et, après un mois de travail, je ne me sentis<br />

pas plus avancé que le premier jour. Je réussis assez bien à<br />

lire et à écrire les lettres gothiques; mais, mon intelligence ne<br />

me servant pas, ou mon maitre ne s'y prenant pas bien, je ne<br />

fis aucun progrès. Il est juste de dire, à la décharge de ce pau-<br />

vre diable, que je le recevais toujours avec une bouteille de vin<br />

<strong>du</strong> Rhin, et que je philosophais avec lui à perte de vue, au lieu<br />

de nous occuper de la leçon, car il ne manquait ni d'instruc-<br />

tion, ni de complaisance. C'était un ancien pasteur, pour le<br />

moment sans troupeau, qui, habitué à raisonner in verbo nia-<br />

gislri, ne sortait pas d'un certain cercle. Je crois que, pour peu<br />

qu'un plaisant nous eût regardés, l'un et l'autre argumentant<br />

avec chaleur, en présence de la bouteille, tantôt en français,

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