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Mmoires du vice-amiral baron Grivel : Rvolution-Empire - Les ...

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ROTA 175<br />

domestiques s'empressèrent de faire, puis ils s'allèrent remiser<br />

dans la colonne des matelots.<br />

Celle-ci était toujours immobile, mais elle n'avançait pas;<br />

car il y eut, après la visite <strong>du</strong> fourgon, un instant d'indécision<br />

parmi les Espagnols; ils semblaient se concerter à quelques<br />

pas de nous et délibérer tumultueusement sur ce qu'ils allaient<br />

faire. Leur liésitation ne fut pas longue; bientôt nous vîmes<br />

s'avancer vers nous les prêtres, accompagnés de quelques bour-<br />

geois, et des alcades couverts de leurs manteaux de soie rouge.<br />

Cette sorte de députa lion venait nous signifier la volonté <strong>du</strong><br />

peuple de Rota, qui ne voulait nous recevoir dans ses murs<br />

que lorsque nous aurions remis nos armes en dépôt aux<br />

mains <strong>du</strong> Cabildo (municipalité.) Nous refusâmes sans balan-<br />

cer; mais sentant parfaitement à quoi nous nous exposions,<br />

entourés, comme nous l'étions, à'escopeteros et sans autre<br />

moyen de défense que nos sabres, considérant d'ailleurs que<br />

nous étions sur un point de baie de Cadix et que nous pou-<br />

vions d'un moment à l'autre être livrés aux vaisseaux anglais,<br />

nous offrîmes de déposer nos armes aux mains des prêtres.<br />

Ce qui fut accepté. <strong>Les</strong> prêtres s'avancèreut alors pour les rece-<br />

voir, mais comme le tumulte avait repris et qu'il était difficile<br />

de s'entendre, un de nos jeunes officiers, ne comprenant rien,<br />

si ce n'est qu'on voulait nous désarmer, dégaina, et engageant<br />

le bout de son sabre entre deux pavés, il le brisa plutôt que de<br />

le rendre. A peine avait-on vu luire sa lame que la foule cria à<br />

la Ira bisou, et il fut frappé à la tète d'une grande épée à deux<br />

mains qui fit tomber son cbapeau et lui entama le cuir chevelu.<br />

Il allait être poignardé infailliblement, et je suis encore à me<br />

demander comment nous échappâmes aux suites de sa bra-<br />

vade. Heureusement un grand moine blauc le couvrit <strong>du</strong> pan<br />

de son manteau, et je vois encore la tache de sang dont ce<br />

manteau fut imprégné. Il faut connaître les Andalous pour se<br />

faire une idée <strong>du</strong> danger que nous courûmes alors et pour<br />

apprécier la générosité <strong>du</strong> moine. Sans sou intervention coura-

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