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Mmoires du vice-amiral baron Grivel : Rvolution-Empire - Les ...

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TOULO\ 389<br />

firent entendre. Ils furent aussitôt répétés par la foule impa-<br />

tiente, et une sorte de désordre s'ensuivit. Plusieurs officiers<br />

s'écrièrent qu'ils voulaient se battre plutôt que de retomber<br />

sous l'ancien régime. L'<strong>amiral</strong> Ganteaume descendit alors une<br />

marche <strong>du</strong> perron et, prenant par le bras un des plus animés:<br />

a Eh bien, viens te battre avec moi, dit-il, puisque vous ne res-<br />

pectez pas mon caractère d'envoyé, que les Arabes respectent. »<br />

L'officier auquel ces paroles s'adressaient, décontenancé par<br />

cette subite boutade d'un vieillard couvert de décorations, ne<br />

sut que dire. On intervint de tous côtés pour mettre fin au<br />

tapage, et comme tout le monde parlait à la fois, il était diffi-<br />

cile de prévoir ce que cet imbroglio deviendrait. Au milieu des<br />

voix confuses, celle d'un capitaine d'artillerie se faisait distinr<br />

guer néanmoins par une sorte de gravité : « Ou nous demande<br />

de quitter une cocarde, disait-il, sous laquelle nous avons com-<br />

battu, et qui a été la gloire de la France pendant vingt ans.<br />

Elle a valu, à ceux qui nous font cette demande, des grades,<br />

des décorations et toutes sortes d'avantages. Quant à nous, elle<br />

ne nous a rapporté que des fatigues et des blessures. Eh bien,<br />

nous voulons la conserver, qu'y a-t-il à répondre à cela? »<br />

Je ne saurais rendre l'elfe t de ces paroles, ni l'attitude pleine<br />

de noblesse de celui qui les prononçait. Elles étaient, au fond,<br />

très inopportunes, assurément, et très dangereuses dans un<br />

moment pareil ; mais comme elles exprimaient un sentiment<br />

vrai et, après tout, honorable, il était difficile d'y répondre<br />

autrement que par un argument tiré de la nécessité. Ce fut<br />

celui qu'on fit valoir, et l'Amiral, au surplus, annonçant qu'on<br />

pouvait envoyer deux officiers à Ollioules, où se trouvait en ce<br />

moment le marquis de Rivière, pour vérifier les faits et se con-<br />

vaincre qu'il n'y avait pas un moment à perdre pour se sou-<br />

mettre, si on voulait empêcher les étrangers de se mêler de<br />

l'affaire et se constituer en état de guerre civile. Ce parti fut<br />

adopté, et les officiers envoyés immédiatement.<br />

Ils revinrent le lendemain et rapportèrent ce qu'ils avaient vu

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