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Mmoires du vice-amiral baron Grivel : Rvolution-Empire - Les ...

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QUELQUES CROISIERES 6Ï<br />

dous présentâmes devant Brest, mais nos coups de canon réité-<br />

rés ne nous ayant point attiré de pilote, nous n'osâmes pas<br />

donner dedans et notre capitaine se décida à laisser courir pour<br />

Cherbourg, où nous entrâmes le surlendemain. C'était la pre-<br />

mière fois que je voyais cette belle côte de Normandie, que j'ai<br />

visitée depuis â satiété. L'établissement <strong>du</strong> port militaire n'était<br />

pas à beaucoup près ce qu'il est devenu depuis, et la rade me<br />

sembla peu sûre, car la digue ne s'élevait point encore au-des-<br />

sus des marées de l'équinoxe. Comme nous étions eu paix avec<br />

l'Angleterre, j'eus là occasion de voir bon nombre de bateaux de<br />

Jersey et de Guernesey, et j'en admirai l'élégante construction,<br />

ainsi que la bonne mine de leurs équipages.<br />

On nous renvoya â Brest avec un pilote de la Manche,<br />

qu'on nous mit â bord. Nous y arrivâmes avec une belle brise<br />

d'ouest, la veille <strong>du</strong> pardon de Gouesnou.<br />

La pauvre Badine, vieille et un peu disloquée par les grosses<br />

mers que nous avions trouvées sur le banc de Terre-Neuve, <strong>du</strong>t<br />

entrer dans le port pour s'y calfater avant de reprendre le large,<br />

et nous profitâmes de ce répit pour débarquer. Nous nous étions<br />

brouillés avec notre capitaine et nous résolûmes de le quitter<br />

tous ensemble, ce qui était facile à cette époque. Je fis comme<br />

les autres, sans pouvoir m'en donner à moi même une raison<br />

satisfaisante, car j'aimais le capitaine, loin de lui en vouloir, et<br />

j'aurais dû le défendre, lorsqu'on l'attaquait dans le carré. Mais<br />

je cédai à la camaraderie, comme on fait dans le jeune âge, et<br />

si je n'eus pas à m'en repentir plus tard, c'est par un bonheur<br />

qu'il n'était pas raisonnable d'espérer.<br />

Je séjournai à Brest quelques semaines seulement et c'en fut<br />

assez pour me le faire prendre en grippe. D'abord il me sem-<br />

bla noir, sale outre mesure et désagréable de toute façon, à<br />

cause <strong>du</strong> peu de facilité qu'où y trouvait pour se nourrir. Peu<br />

habitué alors à vivre à terre, je ne me faisais pas à la nécessité<br />

d'aller chercher mon dîner de chaque jour dans les vilaines<br />

échoppes qui foisonnaient sur le quai, et je trouvai les rares

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