Mmoires du vice-amiral baron Grivel : Rvolution-Empire - Les ...

256 MÉMOIRES DU VICE-AMIRAL BARON GB1VBL
Nous occupâmes le Trocadéro pendant cette absence du
Maréchal, et .M. de Saizieu lui chargé du coinmaudement géné-
ral, (l'était en bonnes mains. 11 arriva, pendant une des nuits
que nous passâmes là, sous les armes, des nouvelles fort alar-
mantes. Mous avions, disait-on, été complètement battus, et on
assurait avoir vu le corps du Maréchal étendu mort sur le
champ de bataille. Tout cela était exagéré. Le Maréchal était
rentré paisiblement dans ses lignes, et c'est le corps du géné-
ral Ruflin qu'on avait pris pour le sien. Ce général avait été
effectivement porté par terre et si grièvement blessé qu'il en
mourut.
Nous fûmes fort soulagés, lorsque nous apprîmes la vérité,
bien que nous regrettions les braves qui avaient succombé
dans cette lutte indécise; mais nous réprimes notre siège,
comme à l'ordinaire, ainsi que nos habitudes. Celles-ci étaient
devenues à peu près sédentaires. Nous avions planté un enclos
considérable en légumes, dont on faisait d'abondantes distri-
butions, et, d'autre part, mes hommes se livraient à la pèche,
au moyen d'une seine que j'avais achetée exprès. Nous vivions
par conséquent assez bien au camp, mais sans grande variété.
C'est au milieu de ce calme momentané que je reçus, au
moment où je m'y attendais le moins, l'ordre de rallier Séville,
avec mon détachement. On me faisait connaître en mémo
temps que nous étions rappelés en France, dont nous étions
absents depuis plus de cinq aus !
Comprenne qui pourra notre joie! Elle fut grande, mais non
sans mélange, car ce n'est pas sans regret qu'on peut sortir de
l'Andalousie.
Nous nous rendîmes d'abord à San Lucar, en attendant que
nous pussions remonter le (iiiadalquivir ; de là nous allâmes à
Séville. C'est de là que nous devions prendre notre point de
départ pour traverser la Péninsule, du sud au nord, ce qui
n'était pas une petite affaire, .le crus bonnement d'abord qu'on
allait me laisser maître de ma route, et j'eusse, ainsi que tout mon