Mmoires du vice-amiral baron Grivel : Rvolution-Empire - Les ...

168 MÉMOIRES DU VICE-AMIRAL BAROM GR1VEL
l'Andalousie pour y être embarqués, nous devions d'abord les
déposer, et on nous les rendrait plus tard, au moment de l'em-
barquement. C'est sous cette couleur menteuse qu'on essaya
de dissimuler la boute de la capitulation, r Nous ne faisions,
disait-on, que ce qui s'était fait mille fois et nous rentrerions
dans la pairie les armes à la main. Klle ne pouvait exiger davan-
tage dans la position où nous nous trouvions fatalement...» etc..
J'écoutais ces mauvaises raisons sans les admettre, et mes
camarades étaient comme moi couverts de confusion. Pourtant
il n'y avait pas plus de leur faute que de la mienne, et ils
eussent combattu jusqu'au dernier plutôt que de souscrire à
un abaissement quelconque, si on les avait consultés; mais ou
ne les consulta pas. J'ai encore présent à la mémoire un jeune
officier à qui l'idée de rendre son épée aux Espagnols faisait
horreur et qui était homme à faire uue esclandre si ou eût
essayé de la lui enlever de force. Comme il était stipulé que les
officiers garderaient leurs armes, il put garder la sienne. Je
devais retrouver plus tard ce brave garçon alors tout frais venu
de l'école de Fontainebleau, et, dans l'acte très périlleux que
j'entreprenais, il ne fut pas de ceux qui me secondèrent le
moins bien.
Mous déposâmes nos armes le 20 juillet 1808 au matin
devant les Espagnols rangés en bataille, et aussitôt nous nous
acheminâmes sans escorte vers les ports de l'Andalousie, par
petits détachements. Comme, aux termes de la capitulation, les
officiers avaient conservé leurs armes et même leurs chevaux,
nous avions profité de cette clause pour en faire profiter nos
sous-officiers; ce qui ne souffrit pas de difficulté, lorsqu'on sut
qu'ils appartenaient à la Garde impériale. Il résulta de cette
concession que, quoique privés de nos fusils, nous n'en for-
mions pas moins une masse imposante dont toutes les files
extérieures présentaient des sabres. Cette disposition n'était pas
indifférente; nous ne tardâmes pas à nous convaincre de son
utilité, en voyant à quelle population nous avions affaire et le