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Mmoires du vice-amiral baron Grivel : Rvolution-Empire - Les ...

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LA SRCOMDE RESTAURATION iOI<br />

salon de l'Intendant de la Marine à Lorient, M. Redon de Beau-<br />

préau; nous nous trouvions quatre en tout, en face <strong>du</strong> feu : les<br />

maîtres de la maison, le commissaire général de la police et<br />

votre serviteur. On agitait précisément cette question de fidélité,<br />

et, après avoir écouté chacun, je dis : k Quelque chose qui<br />

arrive, j'ai juré fidélité au Roi et je tieudrai mon serment, tant<br />

qu'il y aura un pouce de terre de France sous ses souliers, mais<br />

si le Roi sortait demain pour rentrer avec l'étranger, demain je<br />

prendrais les armes contre le Roi. » Cette déclaration, à brûle-<br />

pourpoint, effraya beaucoup la maîtresse de la maison; mais<br />

heureusement le commissaire susdit était un homme d'esprit et<br />

de cœur, en dépit de sa robe, et il prit sou parti galamment. Il<br />

vint à moi et me dit : « Je vous remercie, Commandant, de la<br />

preuve d'estime que vous me donnez. — J'ai compté sur votre<br />

loyauté, lui répondis-je, et puis, je n'oublie pas que nous ne<br />

sommes ici que quatre personnes. » L'incident finit là; mais il<br />

donne une juste idée de ce que pensaient à cette époque les<br />

militaires qui avaient conservé quelque respect pour eux-mêmes,<br />

et moutre comment ils envisageaient leurs devoirs.<br />

Un beau matin, j'eus le commandement de YEspérance><br />

qu'il fallait aller prendre immédiatement à Dunkerque.<br />

Je quittai Lorient avec peine et cependant fort satisfait de me<br />

voir en ligne, au moment où je n'avais pas lieu de m'y attendre,<br />

d'après mes antécédents. Je ne pensais, certes, pas à com-<br />

mander, et jamais je ne me fusse mis en avant pour cela, si je<br />

n'y avais pas été engagé par un vieux capitaine de vaisseau ren-<br />

trant, qui revint à la charge plusieurs fois et qui me fit com-<br />

prendre que, dans ma position d'ancien officier de la Garde<br />

impériale, je devais faire acte de bonne volonté. Je me rendis à<br />

son instance, et à peine eus-je demandé que je fus pourvu. On<br />

me destina Y Espérance, corvette de vingt canons qui armait,<br />

en ce moment, à Dunkerque et qui était, quoique l'ignorant<br />

encore, destinée pour la station <strong>du</strong> Levant, ce qui m'ai lait on<br />

ne peut mieux.<br />

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