Mmoires du vice-amiral baron Grivel : Rvolution-Empire - Les ...

1 0-2 M B M 01 H B S I) V I C E -AMIRAL B A H O M G U I V B 1-
humeur, et que les manières expéditives dont on usait envers
eux, devaient leur paraître très dures. Telle est cependant
l'influence de l'exercice et du mouvement, que nous ne lar-
dâmes pas à reprendre notre aplomb et à considérer, qu'après
tout, nous aurions pu être traités beaucoup plus mal. Mous
marchâmes donc une bonne partie de la journée sans l'aire
des réflexions trop tristes. I ne seule chose nous préoccupait,
celait de connaître notre sort; mais nous devions être prompte-
ment tirés de peine, el bientôt nous apprîmes de nos guides que
nous allious être mis à bord des pontons mouillés dans la baie
de Cadix.
Effectivement, un officier de marine vint nous prendre à bout
de notre course avec un canot et nous conduisit sur le vaisseau
la Vieille-Cas tille, où étaient déjà bon nombre de prisonniers
venus de toutes les parties de la Péninsule, occupées ou non par
nos soldats. I ne circonstance me frappa vivement durant le
trajet, parce qu'elle nous démontra que l'on nous avait con-
servés à Rota autant que cela avait été possible, et que ce n'était
qu'au dernier moment qu'on s'était décidé à nous mettre sur
les pontons. Nous rencontrâmes, pendant qu'on nous menait
en bateau, une autre embarcation qui était remplie de moines
blancs, pour la plupart fort avancés en âge. Us venaient d'être
arrachés de leur couvent par l'imminence de l'arrivée des Fran-
çais, comme nous lavions été nous-mêmes de notre prison,
pour le même motif, ,1e ne sais s'ils nous maudirent en passant,
ou s'ils nous bénirent, car ils nous reconnurent parfaitement et
levèrent les mains au ciel : nous déplorâmes les maux de la
guerre qui tombaient ainsi sur des vieillards, et nous les plai-
gnîmes de tout notre cœur.
Nos troupes n'étaient pas loin; tout le faisait pressentir, cl,
comme la Vieille-Cas tille était affectée spécialement aux ofli-
ciers, non seulement nous nous y trouvâmes en grande corn*
pagnie, mais il nous survenait journellement des prisonniers
nouveaux, qui nous niellaient au fait de la marche de nos