Mmoires du vice-amiral baron Grivel : Rvolution-Empire - Les ...

2T4 UÉU01RE8 DU VICB-A1IIRAL IIARON GR1VEL
membre du Gouvernement apprend, en faisant sa toilette du
matin, combien l'Empire l'a échappé belle.
Alors c'est un empressement sans égal, une surabondance
de mesures plus rigoureuses les unes que les autres et un luxe
de précautions inouï. On rappelle de tous côtés, on met les
troupes en mouvement sur tous les points et on s'efforce de
prouver qu'on est prêt à combattre contre tout veuant. On pré-
tend même qu'on a toujours été prêt, que l'échauffourée de
Malet n'est qu'une folie méprisable et indigue d'attention. Seu-
lement on veut bien convenir qu'il a trompé la bonne foi du
pauvre colonel de la (larde de Paris et celle du préfet Frochot.
On rit beaucoup, mais tout bas, de ce qui est arrivé au Ministre
de la Police; on rit aussi de son remplaçant Lahorie, dont le
premier soin a été d'envoyer chercher un tailleur pour se faire
faire un habit de ministre. Enfin à midi on veut bien se rassu-
rer, et tout est dit.
Ainsi se termina ce drame improvisé, quant à ses effets par
rapport à l'ordre général; mais la tentative, bien qu'avortée,
révéla aux esprits prévoyants la faiblesse trop réelle de la base
sur laquelle reposait l'édifice impérial. On reconnut avec effroi
que tout tenait à la personne du fondateur et que, si ce fonda-
teur venait à disparaître par un événement quelconque, c'en
serait fait incontinent de son système et peut-être de l'étonnante
fortune de sa famille.
On n'en était pas encore là. Les malheurs de la campagne se
confirmèrent il est vrai, peu après, mais les effets ne s'en firent
pas sentir immédiatement, et l'Empereur eut la prudence de les
devancer à Paris. Il arriva aux Tuileries au milieu de la nuit et
reçut tout le inonde presque aussitôt. J'eus l'honneur de lui
être présenté, comme les autres, par l'amiral (ianteaume,
auquel ou avait donné les marins de la (îarde depuis peu.
L'amiral voulut bien rappeler mon affaire des pontons, et
l'Empereur répondit : a Oh! je le connais, c'est lui qui m'avait
préparé les bateaux à Vienne, qu'il se prépare à partir »