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Mmoires du vice-amiral baron Grivel : Rvolution-Empire - Les ...

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L'EVASION 2-23<br />

cas, eurent pour témoins un caporal <strong>du</strong> 24 e de ligne et ses<br />

quatre hommes, qui étaient accourus pour nous reconnaître et<br />

nous repousser au besoin, plus un officier <strong>du</strong> génie qui faisait<br />

sa tournée et qui n'était autre que M. Lafond-Blagnac, depuis<br />

général. Xous l'embrassâmes et même, je crois, le roulâmes un<br />

peu dans le sable, lui et son cheval, car notre joie était telle-<br />

ment grande qu'elle ne pouvait se modérer. Cependant nous<br />

nous acheminâmes vers Sainte-Marie, moitié guidés et moitié<br />

con<strong>du</strong>its par un sergent, qui ne comprenait pas facilement<br />

comment nous tombious ainsi <strong>du</strong> ciel. Notre mise hétéroclite<br />

ne lui permettait guère de nous croire sur parole, quand nous<br />

lui annoncions que nous étions des officiers. Il nous jugeait<br />

peu favorablement, en conséquence, et nous prenait pour des<br />

fous ou quelque chose d'approchant. Enfin il nous con<strong>du</strong>isit<br />

chez le commandant de la place, où nous fûmes reconnus et où<br />

nous reçûmes des billets de logement.<br />

Cependant notre aventure, bientôt connue, nous valut d'être<br />

présentés presque immédiatement au maréchal Soult, qui se<br />

trouvait à Sainte-Marie. Il nous complimenta beaucoup sur le<br />

coup de main que nous venions de faire, et m'adressa particu-<br />

lièrement des éloges très flatteurs. II me demanda un rapport<br />

que je lui remis aussitôt et qui consisîait en un récit de l'événe-<br />

ment fait en quatre lignes. Cette sobriété de paroles frappa le<br />

Maréchal; il ne s'en contenta pas, néanmoins, et jugeant que<br />

j'étais à même de lui donner des éclaircissements utiles, il<br />

m'engagea à lui communiquer amplement tout ce que je pouvais<br />

savoir sur l'état des choses à Cadix, au moment de mon<br />

départ. Je passai aussitôt à son secrétariat et lui rendis un<br />

compte détaillé de tout ce qui était venu à ma connaissance.<br />

Ce devoir rempli, je me retirai. Mes camarades s'étaient dis-<br />

persés dans leurs logements, mais, avant de se séparer, ils<br />

avaient rassemblé le peu d'argent qu'ils possédaient et arrêté<br />

que nous dînerions tous ensemble à la première auberge<br />

venue, sans avoir égard au rang. Xous avons couru des dan-

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