Mmoires du vice-amiral baron Grivel : Rvolution-Empire - Les ...

119 MÉMOIRES DU VICE-AMIRAL H.WtOIV GRIVEL
rique et à exercer plus lard une influence si considérable sur
la littérature «l t» son pays. H n'y avait pas que des Français à
Venise en l'ail d'étrangers; quoique les Anglais fussent mo-
mentanément rejetés de l'Italie, ainsi que les autres sujets des
puissances avec lesquelles nous étions en guerre, on trouvait
encore des voyageurs Tort aimables.
Mais tout prend lin dans ce inonde; bientôt il fallut plier
bagage et nous embarquer sur notre bateau pour commencer
nos courses. Nous nous rendîmes d'abord à Tiieste et succes-
sivement dans tous les ports de l'Istrie et de la Dalmalie, sans
oublier la plus petite callanque. Il est bon de savoir, pour se
faire une idée de notre travail, que celle côte est la mieux percée
qu'il soit possible de voir, qu'elle est bordée d'une chaîne d'îles
et d'îlots, la plupart très accores et en tel nombre dans les
environs du Carner, que le groupe sur ce point est appelé par
les pilotes de Rovigo bosco di mare, bois de la nier. Nous fai-
sions, au furet à mesure que nous avancions, la description des
lieux en ce qui a rapport à la navigation; mais on sent
que nous n'avions le temps d'eu dresser aucun plan. Celte
besogne incombait à une expédition particulière, dirigée par
M. Beautemps-Beaupré, que nous rencontrâmes peu après Pola,
et personne ne pouvait la mener plus sûrement à bien que cet
habile hydrographe, (-'est là que je (is sa connaissance et que
nous nous liâmes d'une amitié sincère. .1 étais à l'école comme
de raison près de cet excellent maître, el son mérite reconnu
me faisait accepter ce rôle avec plaisir. J'ai eu l'honneur de le
recevoir comme préfet maritime de Brest, lorsqu'il termina sa
dernière campagne par la description de la côte de France, et
de lui faire devant mes nombreux convives une sorte d'ovation
qui lui arracha des larmes. Je me féliciterai toujours d'avoir
eu celte chance de rendre justice publiquement à un homme
dont on n'a pas, selon moi, récompensé les travaux aussi
noblement qu'ils auraient dû l'être. Des travaux plus récents,
nue l'emploi de sa méthode avait rendus comparative-