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Mmoires du vice-amiral baron Grivel : Rvolution-Empire - Les ...

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SEJOUR A PARIS 23<br />

vait consentir à se séparer de son premier enfant, lorsqu'à peine<br />

elle venait de le retrouver. Mes frères, mes sœurs, mes tantes,<br />

tout le monde prit son parti, car nous nous aimions beaucoup;<br />

mais ma grand'mère, qui était le Salomon de la famille, se<br />

rangea <strong>du</strong> côté de mon père et dit à sa fille : « Ici, la nécessité<br />

commande. Il faut que ton fils aille terminer l'affaire de son<br />

père. La difficulté est de le faire vivre pendant qu'il la suivra;<br />

car nous pouvons à la rigueur lui donner ce qu'il lui faut pour<br />

se rendre à Paris. Eli bien! Dieu y pourvoira. Peut-être se<br />

placera-t-il, et, eu tout cas, j'ai là une vieille connaissance qui<br />

l'accueillera au moins pour le moment et lui donnera peut-<br />

être l'argent nécessaire pour revenir. « Il n'y avait pas à appe-<br />

ler de cette sentence; aussi mon départ fut-il résolu.<br />

On s'ingénia, dès ce moment, pour me fournir des che-<br />

mises, bas, etc.. On me composa, comme on put, un petit<br />

paquet, avec lequel je devais m'aventurer. On me donna en<br />

outre 100 francs d'assignats, somme à laquelle ma grand'-<br />

mère joignit de vieilles boucles d'argent de son défunt mari,<br />

plus une petite chaîne d'or qu'elle avait sauvée de l'autel de<br />

la patrie, sur lequel la dite chaîne eût sans doute été immolée<br />

avec d'autres bijoux, si on avait pensé à elle. Enfin ma grand-<br />

mère ajouta à ce trésor de pièces et de morceaux deux écus<br />

de six livres, qui me parurent un pactole. Je ne sus que long-<br />

temps après, comment elle avait pu se les procurer. Ils<br />

venaient de la vieille Jeannette, notre affectionnée servante<br />

qui nous avait tous élevés, après avoir élevé ma mère, qu'elle<br />

grondait souvent, et avait à plus forte raison sur nous une<br />

autorité sans limites. Elle était de cette race de domestiques<br />

devenue fort rare, qui vivaient et mouraient dans la maison et<br />

partageaient la bonne ou la mauvaise fortune de leurs maîtres,<br />

sans se douter qu'il pût en être autrement. Race précieuse qui<br />

honorait son humble condition par le dévouement et qui trou-<br />

vait sa récompense dans les soins et les égards que ce dévouement<br />

lui valait! Cet échauge de bons procédés était, comme

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