Mmoires du vice-amiral baron Grivel : Rvolution-Empire - Les ...

16> MÉMOIRES DU VICE- AMIRAL BARON GRIVEL
nom, était composée de bonnes troupes, pourvue d'une artillerie
bien servie, el qu'elle était établie à la tète do défilé de telle
façon qu'il était difficile de l'en déloger; qu'il n'y avait aucun
moyen de tourner la position, ee que d'ailleurs les innom-
brables paysans répandus en tirailleurs de droite et de gauche
rendaient impraticable. Nous étions sans vivres et presque sans
eau, harassés des fatigues de la nuit et de celles de la journée,
en un mot complètement dans le pétrin. Qu'y avait-il à faire
dans un cas semblable? Un parti à prendre, je crois, mais un
grand parti. Il fallait réunir tous les hommes valides en une
seule masse, les former en colonne d'attaque, mettre nos bles-
sés au milieu et tenter une trouée. On eût pu profiter, pour
faire le mouvement, du brun de nuit et de la fraîcheur quelle
amène. J'ignore si nous eussions réussi, mais, en tout état de
chose, nous eussions succombé bravement et comme il conve-
nait à notre renommée militaire. Je conviens que cette tenta-
tive impliquait le sacrifice d'une partie de notre artillerie, mais
surtout l'abandon des fourgons et de tous les impedimenta qui
avaient tant retardé notre marche depuis Andujar; mais que
signifiait une perte semblable, en comparaison de celle de
l'honneur des armes? Il faut savoir aussi que la division Rc-
ding qui nous barrait le passage pouvait se trouver elle-même
bientôt entre deux feux, car nous n'étions séparés du général
Vedel, qui venait vers nous, que par quelques heures de chemin.
Cette circonstance seule devait, à mon humble avis, nous déci-
dera l'entreprendre, et je suis persuadé que, si elle eût été con-
nue du corps d'armée, nul n'eût osé lui parler de capitulation.
Le sort en ordonna autrement. Nous capitulâmes à la suite
d'une foule de démarches fort bien calculées par les Espagnols
qui nous tenaient bloqués dans le défilé, et malgré la sune-
nance de la division Vedel, qu'ils eurent l'art de faire condes-
cendre à capituler elle-même, sous prétexte qu'elle ne pouvait
l'Espagne et était devenu lieutenant-général en 1808. Il mourut en 1809
des suites de ses Idessures.