Mmoires du vice-amiral baron Grivel : Rvolution-Empire - Les ...

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sur le corps des Espagnols (|iii étaient maîtres du défilé, avant
que la masse de ceux que nous avions sur notre piste ne nous
eût joints, pour nous prendre entre deux feux. Je commandais
le dernier peloton de Panière-garde et je mêlais établi sur la
gauche du petit ruisseau qui descendait de la montagne, en
amont d'un pont de pierre, dans lequel nous nous empres-
sâmes, aussitôt que la colonne fut arrêtée, d'enterrer des ohus
chargés, aliu de le faire sauter à la première apparition de
l'ennemi sur nos derrières. Nous primes, en un mot, de con-
cert avec un brave détachement de la Garde de Paris, qui était
avec nous, toutes les précautions que le lieu et le moment nous
indiquaient afin de n'être pas forcés de nous retourner, avant
d'avoir nous-mêmes franchi le défilé à la suite de nos four-
gons. Mais nous nous étonnions de ne pas avancer malgré la
canonnade que nous entendions, lorsque notre bataillon qui
était arrêté près de nous fut mandé en toute liàte. Il se porta
rapidement en avant, mais les hommes, qui avaient un mille et
demi au moins à franchir avant d'entrer en ligne, devaient
faire ce chemin sur une véritable rampe, et il était probable
qu'ils arriveraient essoufflés. C'est ce qui eut lieu, en effet,
mais ils n'en donnèrent pas moins le coup de collier qu'on
attendait d'eux vigoureusement, et il fallut leur réitérer l'ordre
de cesser le feu, le général Dupont ne jugeant pas à propos de
continuer le combat pendant la grande chaleur et songeant
peut-être déjà à parlementer. Nous ne comprenions rien à l'ar-
rière-garde à ce temps d'arrêt de notre colonne et il ne nous vint
pas a l'esprit que les Espagnols pussent nous barrer décidé-
ment la route. Mous étions bien un peu inquiets des feux répé-
tés que nous entendions et de voir que nous n'avancions pas;
mais aucun de nous ne soupçonna la cause qui nous retenait
sur place. Nous voyions parfaitement que nous étions dans une
souricière et que l'on pouvait nous fusiller de droite et de
gauche à peu près impunément, tandis que nous avions plus
de trois mille paysans sur nos derrières. Il fallait donc dèbou-