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Mmoires du vice-amiral baron Grivel : Rvolution-Empire - Les ...

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RETOUR EN FRANCE 253<br />

plus jaloux de développer l'instruction de leurs élèves que de<br />

leur inspirer des notions justes <strong>du</strong> bien et <strong>du</strong> mal, et d'en faire<br />

des hommes instruits plus que d'en faire des hommes géné-<br />

reux et dévoués. La philosophie voltairienne, un peu passée de<br />

mode dans le monde éclairé, régnait encore dans les établis-<br />

sements scolaires à côté des sciences positives. Elle avait depuis<br />

longtemps gagné les provinces et y avait pro<strong>du</strong>it ses fruits<br />

accoutumés. L'enfance, naturellement portée au bien dans la<br />

maison, tombait, dès qu'elle échappait à l'œil maternel, sous<br />

des maîtres d'étude mercenaires et, en général, incré<strong>du</strong>les.<br />

De là la mauvaise direction que prenait notre jeunesse et son<br />

infériorité relative avec celle des pays où les croyances s'étaient<br />

conservées. Elle était toujours généreuse et courageuse, par<br />

tempérament; mais on sait que ces qualités ne suffisent pas<br />

pour former les hommes et les citoyens. On voyait naître et<br />

surgir chaque jour de ces ambitions fougueuses, décidées à<br />

avancer, per fas et ne/as, vers une élévation soudaine et peu<br />

justifiée. <strong>Les</strong> exemples étaient là, disait-on, et on pouvait res-<br />

ter en arrière; lorsqu'on voyait de près les grands <strong>du</strong> jour, on<br />

ne regardait pas sur quelles bases s'étaient échafaudées ces<br />

fortuues merveilleuses et de quelle série de sacrifices elles<br />

étaient le prix.<br />

Je demande pardon de ces sorties contre la marche que nous<br />

commencions à prendre alors et contre l'invasion des idées<br />

d'avancement exagéré, qui s'intro<strong>du</strong>isait dans notre armée,<br />

jusque-là si dévouée et si exempte de toutes convoitises, hors<br />

cclh' de l'honneur. De plus en plus je reconnaissais combien le<br />

peu de soins donnés à l'é<strong>du</strong>cation était regrettable et allait<br />

devenir pernicieux à la chose publique. C'est principalement<br />

au sein des états-majors que se faisait sentir cette influence<br />

délétère, et, malgré l'instruction qu'on y trouvait souvent à un<br />

haut degré, les esprits prévoyants ne pouvaient s'empêcher de<br />

voir que le moral baissait chaque jour. Il se soutenait mieux<br />

dans les corps, parce que les corps étaient, en quelque sorte,

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