Mmoires du vice-amiral baron Grivel : Rvolution-Empire - Les ...

330 \IK\1oiKES 1)1 VICE-AMIRAL BARON G H I V E I.
fond montrait assez Trial de dos âmes pour exciter l'atten-
tion. Je me souviens qu'après avoir parle du changement de
costumes, on en venait à dire :
ho nos habits qu'importe la couleur?
Chacun de nous n'a-t-il pas sur son cœur
Une couleur qui nous rallie?
Tout pour l'honneur, tout pour la France.
A ce cri nous nous connaîtrons,
Quel que soit le lieu, la distance,
Partout nous nous retrouverons.
Sur la terre ainsi que sur l'onde,
C'est en vain qu'on nous dispersera;
Quand pour la France on nous rappellera,
Nous répondrons du bout du inonde.
Ne pensons donc plus qu'à nos belles,
Rions, chantons et buvons frais;
I.e soin d'arranger nos querelles
Regarde messieurs du Congrès;
Mais si des nations trompées
L'espoir flatteur ne s'accomplissait pas,
11 reste encore de la force à nos bras
Ft du tranchant à nos épées.
On voit que, pour des vaincus, nous avions encore le cœui
assez haut; on pense bien aussi qu'on ne manqua pas de re-
cueillir nos accents, mais nous apprîmes, plus lard, que le Roi
ne les avait pas trouvés aussi malsonnants que sa police, parce
que, en effet, ils ne renfermaient rien contre son gouverne-
ment et qu'ils n'étaient que nationaux.
Il n'est pas surprenant que de tels sentiments, bien ou mal
exprimés, fissent fortune dans les masses à Paris, et que l'espèce
de commisération respectueuse qui s'attache aux grandes infor-
tunes, courageusement supportées, d 'environnât les restes de h
vieille Garde partout où ils se présentaient. On peut dire qu'ill
étaient à la mode dans un certain inonde et que le vrai peuph
semblait vouloir les dédommager, par son accueil sympathique,
du peu de faveur qu'ils trouvaient à la Cour.