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Mmoires du vice-amiral baron Grivel : Rvolution-Empire - Les ...

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CAMPAGNE D'ALLEMAGNE 291<br />

On prétendit que l'ordre de faire sauter le pont avait été<br />

mal compris, qu'il ne devait être exécuté qu'après le passage<br />

<strong>du</strong> dernier de nos soldats et qu'on avait mis dans cette action<br />

une précipitation blâmable; mais peu de personnes crurent à<br />

cette assertion et le cas resta douteux. Ce qui ne l'était pas,<br />

c'était le mauvais effet que l'événement pro<strong>du</strong>isit sur l'armée,<br />

qui, après avoir si vaillamment combattu, se trouvait obligée,<br />

pour s'assurer sa retraite, de sacrifier un si grand nombre de<br />

soldats.<br />

<strong>Les</strong> Russes et les Prussiens se précipitèrent en avalanches<br />

sur ces glorieux débris et les acculèrent à l'Elster devenu<br />

infranchissable. C'est là que périt l'héroïque Poniatouski avec<br />

beaucoup d'autres. Il avait espéré qu'en se précipitant dans<br />

l'Elster, il franchirait aisément ce cours d'eau, et certainement<br />

il y eût réussi si son cheval eût pu prendre pied au bord opposé,<br />

mais il n'y avait point de rampe, et c'est en vain que l'animal<br />

cherchait à s'élancer contre un terrain à pic. L'ennemi sur-<br />

venant, il fut criblé de balles avec son cavalier.<br />

Une division entière fut prise, ainsi que les nombreux blessés<br />

et malades trouvés en ville. Enfin les suites de cette sanglante<br />

bataille de Leipzig furent telles que nous dûmes songer dès<br />

lors à la totale évacuation de l'Allemagne et même nous préoc-<br />

cuper de ses difficultés.<br />

En effet, la défection des Saxons <strong>du</strong>rant le dernier conflit<br />

nous présageait des défections nouvelles et, on peut dire,<br />

universelles. Aous n'avions plus à compter sur les Allemands,<br />

quels qu'ils fussent, et nous en eûmes bientôt la preuve à<br />

Hanau, où les Bavarois osèrent se mettre en travers de notre<br />

route. Jusque-là, la Garde seule marchait réunie, mais autour<br />

d'elle flottaient des milliers de détachemeuts de tous les corps<br />

ou de soldats isolés, qui, ne trouvant point de distributions,<br />

maraudaient toute la journée et ralliaient le soir au bivouac à<br />

volonté.<br />

Il ne faut pas croire que ces pillards entendissent déserter,

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