Mmoires du vice-amiral baron Grivel : Rvolution-Empire - Les ...

MARSEILLE 351
dédire et de me donner toujours ses ordres directement, ce à
quoi il consentit. C'était beaucoup, en ce moment de conflit et,
on peut dire, de désordre, des premiers actes du gouvernement,
d'obtenir qu'aucune autorité ne se mêlât des affaires navales;
icar il y avait à Marseille, comme ailleurs, et peut-être plus
qu'ailleurs, un luxe de précautions à prendre contre le mau-
vais vouloir de la population. Ainsi, en outre des autorités
ordinaires, il y avait un commissaire de police général vigou-
reux et, par-dessus le marché, un officier d'ordonnance de
l'Empereur, chargé de stimuler tout le monde, sans exception.
Le hasard fit que j'avais connu ce dernier en Espagne, et que
nous fûmes, à l'instant, bien ensemble,. Je rendais compte de
tout à l'amiral Duperie et ne relevais que de lui, en droit;
mais, par le fait, il n'en était pas de même dans les moments
difficiles, à cause de la turbulence locale et des promptes mesures
auxquelles il fallait, quelquefois, avoir recours. Je me
gouvernai, cependant, sans difficulté, au milieu de tout ça et
passai mon temps assez bien.
Je m'étais installé dans l'hôtel de la Marine, où le commis-
saire général m'avait fait placer, — car je ne songeais pas à
le déloger.
Mou service marchait facilement. J'avais pris, en arrivaut,
un jeune capitaine du commerce, ancien aspirant et frère d'un
chef du bataillon du génie avec lequel j'avais fait la guerre,
et j'en fis mon aide de camp; il se nommait Bompart et me
fut fort utile par la suite.
Je reçus la visite des pêcheurs et un présent de quelques
poissons qu'ils m'apportèrent. Je répondis à leur civilité,
comme je le devais, et leur fis entendre que nous autres marins,
ayant des obligations spéciales, qui sont les mêmes sous tous
les régimes, nous n'avions à nous immiscer en rien daus les
querelles politiques; que notre affaire était de naviguer paisi-
blement en temps de paix et de défendre le pavillon en temps
de guerre. Mous ne devions sortir de notre rôle sous aucun