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citoyens qui suivaient l'affaire avec un intérêt passionné, il y avait le
professeur X..., professeur à l'Ecole Polytechnique. Républicain rigide, il
se montrait indigné de l'intrusion de l'armée en des questions politiques
dont la solution appartenait au peuple par l'entremise de ses représentants,
et non point à l'armée.
Un jour, à l'heure du déjeuner, pendant qu'il discutait avec
animation au sujet de l'intrusion anticonstitutionnelle de l'armée, il fit
allusion à une époque antérieure de l'histoire brésilienne (1832), quand le
Régent d'alors, le Père Fijio, avait jeté la robe de religieux, avait armé les
citoyens et avait inexorablement écrasé la soldatesque insubordonnée. Il
ajouta qu'il déplorait que le moine ne fût plus là pour étouffer une fois
encore les usurpateurs actuels des pouvoirs publics. Pendant qu'il parlait
de la sorte, on entendit dans la pièce continguë le bruit de la chute d'un
objet. Soixante portraits encadrés étaient alignés sur les murailles de la
salle ; ils représentaient les notabilités politiques, littéraires et
scientifiques les plus remarquables du Brésil. L'un de ces portraits s'était
détaché de la paroi et était tombé sur la bibliothèque au-dessous ; c'était
le portrait du Père Fijio !
Le phénomène des portraits qui tombent en rapport avec le décès de
ceux qu'ils représentent étant un fois indiscutable, je ne crois point qu'on
puisse attribuer à une « coïncidence accidentelle » l'épisode dont il s'agit,
quoiqu'il présente un caractère exceptionnel. En effet, si l'un quelconque
des soixante portraits dont était ornée la salle était tombé au moment où
le professeur X... parlait favorablement d'un personnage compris dans la
collection, alors l'événement aurait dû être envisagé comme résultant
d'une « coïncidence accidentelle ». Mais le portrait tombé était
précisément celui du personnage évoqué à ce moment-là : il n'est guère
aisé d'attribuer l'événement à un simple hasard sans dépasser les bornes
de la vraisemblance ; en tout cas, cette supposition
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ne pourrait constituer qu'une opinion personnelle et non pas un avis
fondé sur le calcul mathématique des probabilités.
Par contre, au point de vue de l'hypothèse spirite, cet épisode
n'offrirait rien d'exceptionnel ni d'invraisemblable ; en effet, on sait que,
conformément à cette hypothèse, la circonstance de songer intensément à
un décédé aurait pour conséquence d'établir instantanément un rapport
psychique avec son esprit - ce qui est prouvé par de nombreux exemples
de nature télépathico-expérimentale. Dans le cas en question on devrait
donc penser que, par suite de l'évocation intense et sympathisante du