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La durée de la manifestation a été approximativement celle d'un
morceau instrumental ordinaire ; elle ne dépassa pas cinq minutes. Les
premiers accords très harmonieux ne furent perçus que par les parents de la
jeune fille décédée, qui s'imaginèrent qu'un organiste se trouvait dans la pièce
à côté. Peu à peu, les accords augmentèrent de sonorité et de puissance, se
transformant en des flots musicaux pleins de sentiment, qui envahirent tout
le lieu sacré, avec des rythmes et des thèmes bien définis. Ensuite, ils
s'affaiblirent lentement et parurent s'éteindre en un écho lointain. Ce ne fut
que lorsque le service funèbre fut terminé - c'est-à-dire quelques minutes
après - que les assistants s'aperçurent que l'invisible artiste n'existait nulle
part, ni dans le temple, ni autour de celui-ci...
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Ce n'est certainement pas au moyen des « hallucinations
collectives » que l'on peut expliquer des faits de cette nature ; d'abord
à cause de la raison à laquelle nous avons touché déjà, que les cas
d'hallucinations collectives sont infailliblement originés par des
suggestions verbales, et jamais par un phénomène de transmission
télépathique de la pensée, tel qu'on devrait le supposer dans les
circonstances des épisodes ci-dessus ; ensuite parce que, pour s'auto
suggestionner d'une certaine façon, il faut que le sujet connaisse
l'existence de la classe de formes hallucinatoires auxquelles il devrait
être soumis à son tour ; ce n'est qu'ainsi qu'il peut être induit à se
trouver en des conditions « d'attention expectante ». Or, comme il est
manifeste que, dans le cas que nous venons d'exposer, aucun des
assistants ne pensait à l'existence de manifestations de musique
transcendantale en rapport avec des événements de mort, il s'ensuit
qu'aucun d'eux ne pouvait être sujet à une forme hallucinatoire
simulant une classe ignorée de manifestations super normales.
Et une fois éliminée cette hypothèse insoutenable, il est évident que
la seule solution logique de l'énigme est toujours celle de supposer la
présence spirituelle de défunts intéressés aux faits, qui s'efforceraient
de faire connaître leur présence, et, par conséquent, leur survivance, aux
personnes chères qui les pleurent ; et ils le feraient de la manière qui
leur est possible et qui est, le plus souvent, déterminée par les
idiosyncrasies qui les ont caractérisés de leur vivant, et par lesquelles
il leur est plus facile de se manifester aux survivants.
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