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Joy Snell : The Ministry of Angels.)<br />
XXXVIIe CAS. - Je trouve l'épisode suivant dans le Journal of the<br />
American S. P. R. (1921, pages 114-122). Il s'agit d'un fait<br />
rigoureusement documenté, dont les rapporteurs avaient pris note aussitôt<br />
après l'événement. Il a eu lieu au lit de mort du poète et penseur nordaméricain<br />
bien connu Horace Traubel (1859-1919), qui a été le Boswell<br />
de cet autre grand poète nord-américain qui est Walt Whitman. Il avait<br />
été l'ami intime de ce dernier, il l'avait étudié, toute sa vie durant, avec un<br />
amour immense, comme Boswell avait étudié Samuel Johnson ; après la<br />
mort de son ami, il avait publié un « Journal » de plusieurs<br />
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volumes pour illustrer sa vie et sa pensée. Vorace Traubel a été, à<br />
son tour, un poète génial de la même école que Wait Whitman ; pour<br />
quelques critiques d'art, les poèmes du disciple rivalisent avec ceux du<br />
Maître.<br />
Mme Flora Mac Donald Denison, qui a été présente au lit de mort<br />
d'Horace Traubel, relate ce qui suit :<br />
...Le 23 août, Horace était fort déprimé d'esprit. La maladie d'Anne<br />
et le départ des Bains constituaient des afflictions trop graves pour sa<br />
fibre. Mildred lui tint compagnie longtemps ; nous avons décidé de ne<br />
pas le laisser seul un instant. Lorsque nous avons été sur la véranda pour<br />
le transporter dans sa chambre, nous l'avons trouvé rayonnant de joie. Du<br />
plus loin qu'il me vit il s'écria : « Flora, regarde, regarde ! Vite, car il s'en<br />
va ». – « Où ? que voyez-vous, Horace ? je n'aperçois rien. » - « Là, sur<br />
cette saillie du rocher, Walt m'est apparu. J'en ai vu la tête et le tronc. Il<br />
avait le chapeau ; il était splendide, rayonnant ; il semblait entouré d'une<br />
auréole d'or. Il m'a salué de la main, comme pour m'encourager et il m'a<br />
parlé. J'entendais très bien le timbre de sa voix, mais je n'ai entendu que<br />
ces mots : « Viens ; je t'attends ».<br />
A ce moment arriva Franck Bains, auquel il raconta la même<br />
chose ; durant toute la soirée il se montra soulagé, rayonnant, heureux...<br />
Dans la nuit du 3 septembre, Horace se portait mal je l'ai veillé<br />
pendant quelques heures. Lorsque j'ai vu ses yeux, jusque-là immobiles,<br />
se tourner lentement vers moi, j'ai cru qu'il entrait en agonie. Mais ce<br />
n'était pas cela : il désirait seulement être changé de position. Pendant que<br />
j'exécutais son désir, j'ai remarqué qu'il semblait prêter l'oreille à quelque