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cependant, de causer avec votre pensée. ».<br />
J'extrais ce passage des notes prises par la mère :<br />
Deux jours avant que Daisy nous quittât, le directeur de l'Ecole est<br />
venu la visiter. Elle lui parla librement de<br />
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son prochain départ et envoya un extrême adieu à ses compagnes.<br />
Avant de s'en aller, il adressa à la malade une phrase biblique plutôt<br />
obscure : « Ma bonne Daisy, - lui dit-il- tu es près de passer le grand<br />
fleuve ténébreux. » Quand il fut parti, elle demanda à son père ce que le<br />
Directeur avait bien voulu dire par ces mots : « le grand fleuve<br />
ténébreux ». Le père chercha à lui en expliquer la signification ; mais elle<br />
répliqua : « Quelle erreur ! il n'y a pas de fleuve à passer au gué, point de<br />
rideaux de séparation ; il n'y a même pas une ligne de distinction entre<br />
cette vie et l'autre. » Elle tendit sa petite main hors des draps, disant avec<br />
un signe approprié : « L'Au-delà est l'Au-deçà ; je sais bien que c'est<br />
ainsi, puisque je vous vois en même temps que les esprits. » Nous lui<br />
avons demandé de nous documenter sur l'Au-delà ; elle observa alors :<br />
« Je ne puis pas le décrire ; il est trop différent de notre monde et je ne<br />
parviendrai pas à me faire comprendre... »<br />
Pendant que j'étais assise à côté de son lit, sa main serra la mienne<br />
et, me regardant dans les yeux, elle me dit : « Ma chère maman, je<br />
voudrais que tu pusses voir Allie, qui se trouve près de toi. »<br />
Instinctivement, j'ai regardé autour de moi, mais Daisy continua : « Il dit<br />
que tu ne peux pas le voir, parce que tes yeux spirituels sont fermés et<br />
que moi je le puis, parce que mon esprit est maintenant lié au corps par<br />
un fil très faible de vie. » J'ai alors demandé :<br />
- « Il te l'a dit en ce moment ? – « Oui, en ce moment. » Je lui ai fait<br />
alors remarquer : « Daisy, comment t'y prends-tu donc pour causer avec<br />
Allie ? Je ne vous entends pas parler et tu ne bouges pas les lèvres. » Elle<br />
sourit, en disant : « Nous causons avec la pensée. » J'ai alors demandé :<br />
« En quelle forme notre Allie t'apparaît-il ? Le vois-tu habillé ? » Et elle :<br />
« Oh ! non, il n'est pas précisément habillé comme nous le sommes,<br />
nous ; on dirait qu'il a le corps enveloppé en quelque chose de très blanc,<br />
qui 'est merveilleux. Si tu voyais comme il est fin, léger, resplendissant,<br />
ce manteau ; et comme il est blanc ! Et cependant, on n'y aperçoit pas de<br />
plis, pas de signes de couture, ce qui prouve que ce n'est pas un vêtement,<br />
Tout de même, il lui va si bien ! » - Son père