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anglaise des Recherches psychiques.<br />
Miss Ernestine Anne écrit en ces termes, en date du 28 juillet 1915 :<br />
J'ai visité les ruines de l'abbaye de Jumièges, en France, le<br />
dimanche 6 juillet 1913, avec mon père, ma mère et l'un de mes frères.<br />
Nous sommes arrivés sur place à 3 heures de 1'après-midi et nous avons<br />
aussitôt commencé à heures ruines imposantes de l'église monacale de<br />
Notre-Dame.<br />
Ce sont les restes les plus vastes et les plus imposants de<br />
l'architecture normande, que j'aie vus. C'est une construction en forme de<br />
croix ; son bras droit se rattache à une autre église plus petite, appelée<br />
Saint-Pierre, qui avait servi de paroisse. Les murailles de Cette dernière<br />
sont restées presque intactes, alors que de l'église monacale il ne reste que<br />
la nef centrale, avec quelques autres débris montrant l'emplacement du<br />
chœur. Des arbres et des buissons couvrent l'endroit où s'élevait le<br />
presbytère.<br />
Après avoir longtemps contemplé les restes de l'église de Notre-<br />
Dame, nous sommes passés dans celle de Saint-Pierre en admirant ces<br />
splendides ruines gothiques du XIVe siècle. Je m'étais un peu éloignée des<br />
autres, lorsque, tout à coup, j'ai entendu résonner un chœur composé de<br />
nombreuses voix d'hommes, qui semblaient venir d'un espace libre à<br />
notre gauche, où quelques débris de murs marquaient l'endroit où se<br />
trouvait autrefois le chœur. C'était un chant mélodieux et solennel, dont le<br />
motif m'était familier. Je me souviens d'avoir aussitôt songé : « Il ne peut<br />
s'agir que d'un jeu de mon imagination ! » Je cherchais en conséquence à<br />
distraire mon attention, quand j'ai entendu mon père s'écrier : « Voilà que<br />
les moines chantent en chœur ».<br />
Aussitôt la musique a cessé, elle n'a eu pour moi que la<br />
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durée de quelques secondes. Je suis restée tellement impressionnée<br />
par l'étrangeté de la chose, que j'aurais préféré me convaincre de n'avoir<br />
rien entendu ; mais la chose n'était guère possible, puisque mes<br />
compagnons avaient entendu comme moi. Nous avons tous reconnu que<br />
nous avions entendu un chœur de voix chantant les Vêpres, c'est-à-dire<br />
des psaumes en latin. Nous avons tâché de résoudre le mystère en ayant<br />
recours à une explication « naturelle », mais inutilement, car le gardien<br />
nous a dit que l'actuelle église paroissiale se trouve à un kilomètre et<br />
demi de là. D'ailleurs, si l'écho de ce chant choral nous était parvenu de<br />
l'église paroissiale, nous l'aurions entendu pendant un certain temps, et<br />
non pas durant quelques minutes seulement. C'était une belle journée sans