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aperçoit à côté de son lit des personnalités de défunts qu'il reconnaît, mais<br />
qui sont invisibles pour les autres. Le jour vint cependant où des facultés<br />
clairvoyantes se développèrent en Mme Suell et alors elle aperçut en<br />
même temps que les mourants les personnalités spirituelles venues pour<br />
les accueillir et les aider au grand passage. Elle écrit :<br />
La première fois que j'eus cette preuve oculaire, ce fut au lit de mort<br />
de Mlle L..., une gracieuse jeune fille de 17 ans, qui était mon amie, et<br />
mourait de consomption et sans souffrances ; mais l'extrême langueur du<br />
corps la rendait aussi moralement fatiguée et désireuse de l'éternel repos.<br />
Lorsque son heure suprême arriva, j'aperçus deux formes<br />
spirituelles à côté d'elle, l'une à droite, l'autre à gauche du lit. Je ne<br />
m'étais pas aperçue qu'elles fussent entrées ; lorsqu'elles devinrent<br />
visibles pour moi, elles étaient déjà disposées aux côtés de la mourante ;<br />
mais je les voyais aussi distinctement que les personnes vivantes. Je<br />
désignais ces radieuses entités sous le nom d'anges, et désormais je les<br />
appellerai ainsi. Je reconnus aussitôt dans ces formes angéliques deux<br />
jeunes filles qui avaient été de leur vivant les meilleures amies de la<br />
malade, toutes deux du même âge qu'elle.<br />
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Un instant avant leur apparition, la mourante s'était écriée :<br />
« L'obscurité s'est faite tout à coup ; je ne vois plus rien ». Malgré cela,<br />
elle vit et reconnut tout de suite ses amies. Un sourire de joie suprême<br />
illumina son visage, et, leur tendant les mains, elle dit avec bonheur :<br />
« Vous êtes venues me chercher ? J'en suis très heureuse, car je suis<br />
fatiguée. »<br />
Et tandis que la mourante tendait les mains aux anges, ceux-ci en<br />
faisait autant, l'une serrant sa main droite, l'autre la gauche. Leurs visages<br />
avaient un sourire encore plus doux que celui qui illuminait le visage de<br />
la mourante, joyeuse de retrouver bientôt le repos auquel elle aspirait.<br />
Elle ne parla plus, mais continua à tenir, durant une minute environ, les<br />
bras levés au ciel, avec ses mains serrées dans celles de ses amies<br />
défuntes ; tandis que pas un instant elle ne cessait de les contempler avec<br />
une expression de bonheur infini. A un moment donné, ses amies<br />
abandonnèrent ses mains, qui retombèrent pesamment sur le lit. La<br />
mourante émit un soupir, comme se disposant tranquillement à<br />
s'endormir, et, après quelques instants, son esprit quittait son corps pour<br />
toujours. Mais sur son visage demeura gravé le doux sourire qui l'avait<br />
illuminé lorsqu'elle avait aperçu à ses côtés ses deux amies défuntes. (M.