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il s'évanouit peu à peu... Mais avant de disparaître, pendant qu'Horace et<br />
moi le regardions intensément, il se mut, en s'approchant d'Horace. Celuici<br />
qui, à cause de la paralysie, ne pouvait pas rester longtemps avec la<br />
tête tournée d'un côté, dut reprendre la position normale ; en faisant cela,<br />
il murmura : « Il y a ici Walt ». A ce moment le fantôme se dirigea vers<br />
moi, sembla traverser le lit et me toucha la main, comme pour me dire<br />
adieu. Je ressentis ce contact comme une légère secousse électrique.<br />
Enfin Walt sourit une dernière fois à Horace et disparut à nos yeux.<br />
Ceci eut lieu le 6 septembre, deux heures avant que le malade<br />
expirât ; heures qu'il a passées en grande partie dans le coma ; la<br />
paralysie lui enlevait d'ailleurs l'usage de la parole même dans les<br />
intervalles de veille ; mais le regard était rempli de messages silencieux ;<br />
on comprenait qu'il apercevait d'autres manifestations que nous ne<br />
percevions pas. - (Signé : Colonel COSGRAVE.)<br />
Dans ce très intéressant épisode de vision collective au lit de mort,<br />
on rencontre des indices en faveur de l'objectivité du fantôme apparu.<br />
D'abord à cause de la manière dont il se constitua : un petit nuage<br />
lumineux qui s'est allongé, s'est condensé, a augmenté de dimensions<br />
jusqu'à atteindre les proportions et puis la forme humaine, dans laquelle<br />
sont apparus les traits du poète décédé, Walt Whitman, ami intime de<br />
l'autre poète mourant. Or on sait que c'est ainsi que se forment<br />
ordinairement les matérialisations expérimentales de fantômes, aussi bien<br />
quand elles prennent une forme concrète que quand elles gardent une<br />
forme impondérable (dans notre cas, il s'agissait d'un fantôme fluidique<br />
impondérable, capable de traverser un lit). Ensuite, l'objectivité probable<br />
de l'apparition ressortirait<br />
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de cette autre circonstance, que le fantôme s'est approché du<br />
percipient et lui a touché la main - contact qui a été perçu sous la forme<br />
d'une légère secousse électrique. On ne peut pas contester que les deux<br />
circonstances en question, bien qu'on ne puisse pas les considérer comme<br />
définitives pour prouver l'objectivité du fantôme, sont néanmoins<br />
suffisantes pour autoriser à conclure que les plus grandes probabilités<br />
sont en faveur de cette dernière hypothèse - et, partant, de l'interprétation<br />
spirite des faits. D'ailleurs, l'interprétation spirite de ces faits serait<br />
légitime, même s'il s'était agi d'un fantôme télépathique transmis par la<br />
pensée consciente du défunt à l'ami mourant.<br />
Je remarquerai, à ce sujet, que la seule hypothèse qu'on peut<br />
opposer aux deux que je viens de citer - celle de la transmission de la