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Quand il fut revenu de sa surprise, il s'écria :
« Eh bien, si tu es vraiment ma tante Rose, aide-moi dans l'exercice
de ma profession, fais-moi gagner beaucoup d'argent ! »
- Je suis ici pour bien autre chose - répondit l'esprit - je suis ici pour
te conseiller de changer de vie et penser à ta femme.
- J'ai déjà pensé à ma femme - répondit sans honte le docteur - tant
il est vrai que nous avons tous deux fait notre testament à notre
réciproque avantage.
- Mensonge - répondit l'esprit, en secouant fortement la table pour
démontrer son mécontentement ; - elle t'a tout laissé, oui ; mais toi, tu ne
lui as rien laissé !
Alors Mme Gubernari prit part au dialogue, et, voulant
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persuader l'esprit que son mari avait fait testament en sa faveur, elle
dit courageusement que son mari pouvait le prouver en montrant le
testament même aux amis présents.
Le docteur, à la suite de cette intervention inattendue de sa femme,
se trouvait compromis et ne savait comment faire pour se tirer de la
vilaine passe ; il savait ce qu'il en était en conscience, et il était donc
impossible qu'il se décida à avouer ses torts, en déclarant que l'esprit
n'avait pas dit la vérité. Très troublé de cet incident, il déclara qu'il
n'aurait fait voir à personne le testament.
L'esprit, alors, agitant la table avec une force encore plus grande,
répondit :
- Tu es un imposteur ! Oui, je te le répète : tu as oublié ta femme, et,
dans ton testament, tu ne t'es souvenu que de ta domestique, parce que...
Change, oui, change ta façon de vivre et ton testament, et hâte-toi, car tu
n'as pas de temps à perdre ; dans quelques jours tu seras avec nous dans
le monde des esprits !
Cette révélation fut comme un coup de foudre sur la tête du docteur.
Il en fut atterré... puis avec rage il s'écria :
- Comment ! je devrais mourir avant ma femme, moi qui suis plus
jeune qu'elle ? Non, cela ne sera jamais ; je veux vivre encore et je vivrai.
Ce disant, il se leva tout irrité, et ordonna qu'on emportât le
guéridon qui avait servi à l'expérience.
Le lendemain, un de ses amis - le colonel Maurizio - pour calmer
son agitation, lui parla de possibles mystifications spirites, et lui dit que,
ce soir même, il irait chez la comtesse Passerini pour une séance de
contre-épreuve.
Le docteur sembla se calmer et attendit avec impatience le résultat