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Groupes de jeunes et pratiques de prévention spécialisée

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interne, <strong>de</strong> fonctionnement structuré. S’il existe un « meneur », celui qui donne un sens à ladéambulation du groupe mais qui peut changer selon l’objectif du moment, il n’y a pas <strong>de</strong> lea<strong>de</strong>rreconnu comme dans les formations fortement hiérarchisées. L’invisibilité <strong>de</strong>s filles constitue unsecond élément notable. Certains récits nuancent c<strong>et</strong>te affirmation en indiquant qu’il existe chez lesplus <strong>jeunes</strong> une certaine mixité mais que celle-ci disparaît avec l’adolescence. Or c’est bien à cemoment là que s’installe l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> se r<strong>et</strong>rouver dans la rue. De ce fait, le phénomène se présentecomme essentiellement masculin <strong>et</strong> lié à <strong>de</strong>s tranches d’âge précises, <strong>de</strong> « l’âge collège » à l’entréedans la vie adulte. Le cap <strong>de</strong>s 20 ans correspond à une mise à distance <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te forme <strong>de</strong> sociabilitépar les pairs.Dans ce quartier marqué par la diversité culturelle, les regroupements juvéniles sont naturellementmulti<strong>et</strong>hniques. Notamment, les <strong>jeunes</strong> maghrébins vont fréquemment avec les <strong>jeunes</strong> africains.Mais ce brassage <strong>et</strong>hnique comporte <strong>de</strong>s limites. Les <strong>jeunes</strong> issus <strong>de</strong>s communautés turques <strong>et</strong>tsiganes, fortement représentées au Neuhof, restent entre eux. Mais c<strong>et</strong> entre soi communautaire,très marqué aussi bien dans la rue que dans les lieux spécialisés comme les établissements scolairesou sportifs, peut s’expliquer <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux façons : traduire un réflexe communautaire <strong>et</strong>/ou résulter <strong>de</strong> larépartition spatiale <strong>de</strong>s populations dans le quartier. En eff<strong>et</strong>, les populations d’une même origineétrangère ont tendance à se concentrer dans certaines zones. La population tsigane domine dans lesecteur du Polygone, les familles turques sont localisées dans la gran<strong>de</strong> tour <strong>de</strong> la « <strong>de</strong>mi lune »…C<strong>et</strong>te concentration profile les groupes, accentuant les mécanismes i<strong>de</strong>ntitaires <strong>et</strong> les clivagescommunautaires qui, quelle que soit la communauté considérée, se trouvent renforcés par leslogiques <strong>de</strong> peuplement.Ces assemblages affinitaires entre pairs constituent donc la forme principale <strong>de</strong> regroupement <strong>de</strong> la<strong>jeunes</strong>se dans l’espace public du Neuhof. Une autre forme, bien différente, caractérise le quartier. Ils’agit <strong>de</strong>s individus concentrés sur une <strong>de</strong>s places du quartier qui constitue pour ces <strong>jeunes</strong> impliquésdans le « <strong>de</strong>al » leur lieu <strong>de</strong> travail. Ce phénomène est massif par son implantation centrale dans lequartier <strong>et</strong> par le grand nombre <strong>de</strong> personnes concernées –parfois jusqu’à une cinquantaine <strong>de</strong>participants au groupe. Il est en partie extrêmement visible par la concentration <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> dans unseul espace, mais aussi invisible puisque les plus impliqués dans l’activité illicite ne s’exposent pas surla place. Il draine <strong>de</strong>s tranches d’âges larges allant <strong>de</strong>s 12/16 ans, les plus <strong>jeunes</strong> qui « gravitent »,aux <strong>jeunes</strong> adultes <strong>de</strong> 18/20 ans qui sont les plus nombreux <strong>et</strong> aux plus âgés ancrés dans l’activité.Suite à l’arrivée du tramway qui facilite les liaisons non seulement avec le centre ville mais avec lesautres quartiers <strong>de</strong> l’agglomération strasbourgeoise, l’activité se serait développée. C<strong>et</strong>te évolutionsuscite <strong>de</strong> vives inquiétu<strong>de</strong>s parmi les habitants, les intervenants du site <strong>et</strong> plus largement lesresponsables locaux, <strong>et</strong> est à l’origine du proj<strong>et</strong> d’intervention porté par l’ALP.La spécificité <strong>et</strong> la gravité <strong>de</strong> la situation ont nécessité, en eff<strong>et</strong>, l’élaboration d’une stratégied’intervention spécialisée <strong>et</strong> à long terme auprès <strong>de</strong> ces <strong>jeunes</strong> installés dans le trafic illicite <strong>et</strong> dans<strong>de</strong>s conduites à risque. Vis-à-vis d’eux, en eff<strong>et</strong>, « l’aller vers » ne peut être pratiqué <strong>de</strong> la mêmefaçon que pour les autres groupes affinitaires que nous avons évoqués. Pour autant, c<strong>et</strong>te place n’ajamais été un espace laissé vi<strong>de</strong> par l’action éducative. Celle-ci, jusqu’alors, s’est plutôt construitenon pas sur une approche collective qualifiée <strong>de</strong> « suicidaire » par un éducateur mais sur les contactsindividuels avec les <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> hors du territoire où ils « travaillent » <strong>et</strong> sur une présence discrète surla place, consistant à saluer les <strong>jeunes</strong> sans s’attar<strong>de</strong>r.<strong>Groupes</strong> <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>de</strong> prévention spécialisée – CTPS 2010 - Page 118

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