traduit le choix <strong>de</strong> l’équipe <strong>de</strong> porter un effort particulier en direction <strong>de</strong>s 12/15 ans <strong>et</strong> d’êtreprésente là où se manifestent les premiers signes <strong>de</strong> difficulté, les collèges.3 - Les groupes <strong>et</strong> les <strong>pratiques</strong> <strong>de</strong> la Prévention spécialiséeAvant d’entrer dans une analyse détaillée <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> regroupement juvéniles dans le quartier,éducateurs <strong>et</strong> autres professionnels en lien avec la <strong>jeunes</strong>se insistent sur l’existence d’un clivagefondateur entre le <strong>de</strong>dans <strong>et</strong> le <strong>de</strong>hors. Les <strong>jeunes</strong> s’i<strong>de</strong>ntifient d’abord par rapport à l’extérieurcomme appartenant au groupe du Neuhof. Puis en interne, ce « groupe du Neuhof » se décline en <strong>de</strong>multiples sous-groupes dont la composition, la taille, le profil varient. Loin du schéma connu <strong>et</strong> trèsmédiatisé <strong>de</strong> la « ban<strong>de</strong> structurée », le Neuhof laisse apparaître <strong>de</strong>ux types d’organisationsjuvéniles. Le premier est le rassemblement <strong>de</strong>s « potes » qui constitue une réalité quotidienne,diffuse, largement inscrite dans l’espace. Il se différencie n<strong>et</strong>tement du second type, celui d’ungroupe <strong>de</strong> taille importante <strong>et</strong> impliqué dans l’économie parallèle. Ces <strong>de</strong>ux formes <strong>de</strong>regroupements renvoient à ce qui est communément observé dans les quartiers populaires ou cités<strong>de</strong> banlieue.Le poids <strong>de</strong> la <strong>jeunes</strong>se dans ce quartier, très <strong>de</strong>nse, explique la présence <strong>de</strong> nombreux « micro »rassemblements. Souvent peu nombreux -trois à quatre- <strong>et</strong> répartis par âge, les <strong>jeunes</strong> sont dans larue, sans raison autre qu’être ensemble durant les temps inoccupés <strong>et</strong> oisifs. Ils se r<strong>et</strong>rouvent en bas<strong>de</strong>s cages d’escaliers car c’est là qu’ils habitent, ou bien dans <strong>de</strong>s espaces qui présentent un intérêtparticulier parce qu’ils sont situés au cœur du quartier, par exemple l’épicerie du coin ou la pizzeriatenue par un ancien éducateur qui a un bon contact avec les <strong>jeunes</strong>. Mais <strong>de</strong>s lieux plus r<strong>et</strong>irés <strong>et</strong> àl’abri du regard <strong>de</strong>s habitants, comme les passages sous <strong>de</strong>s immeubles peu empruntés par lesrési<strong>de</strong>nts, sont également investis. Ces <strong>jeunes</strong> sont ceux qui « tiennent les murs » selon l’expressionconsacrée. Membres d’une fratrie, cousins ou voisins, ils se côtoient naturellement car ils seconnaissent. Ils appartiennent à la même famille, ils habitent le quartier ou fréquentent le mêmeétablissement scolaire. C<strong>et</strong>te « histoire commune » en fait <strong>de</strong>s semblables <strong>et</strong> les rapproche, même siavec le temps les parcours individuels peuvent différer. C’est ainsi que <strong>de</strong>s éducateurs évoquentl’existence <strong>de</strong> groupes qualifiés d’hétérogènes dans le sens où les <strong>jeunes</strong> adultes qui le composentont <strong>de</strong>s statuts variés : étudiants, <strong>jeunes</strong> travailleurs, personnes en insertion ou en recherched’emploi. S’ils inspirent une certaine peur ou méfiance par leur attitu<strong>de</strong> parfois provocatrice <strong>et</strong> parquelques actes d’incivilité ou <strong>de</strong> trouble à la tranquillité publique, par exemple les feux <strong>de</strong> poubelle,ils ne sont pas perçus comme menaçants ou violents.Ces regroupements sont nombreux mais impossibles à dénombrer ou à cartographier, car nonpérennes <strong>et</strong> en perpétuel renouvellement. Les groupes sont plutôt décrits comme stables dans lesens où les mêmes personnes se r<strong>et</strong>rouvent régulièrement au même endroit, mais non durables <strong>et</strong>avec une existence courte. C<strong>et</strong>te fidélité au groupe empêche la multi appartenance qui se pratiquepeu, semble-t-il. Mais les recompositions permanentes ren<strong>de</strong>nt possibles les passages <strong>et</strong> lesaffiliations successives qui s’opèrent sur un mo<strong>de</strong> relativement opportuniste, c’est-à-dire en fonction<strong>de</strong> l’activité proj<strong>et</strong>ée par le jeune <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses intérêts personnels. Le caractère éphémère <strong>de</strong> cesgroupes à géométrie variable constitue donc une première spécificité. Il peut expliquer l’absence, en<strong>Groupes</strong> <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>de</strong> prévention spécialisée – CTPS 2010 - Page 117
interne, <strong>de</strong> fonctionnement structuré. S’il existe un « meneur », celui qui donne un sens à ladéambulation du groupe mais qui peut changer selon l’objectif du moment, il n’y a pas <strong>de</strong> lea<strong>de</strong>rreconnu comme dans les formations fortement hiérarchisées. L’invisibilité <strong>de</strong>s filles constitue unsecond élément notable. Certains récits nuancent c<strong>et</strong>te affirmation en indiquant qu’il existe chez lesplus <strong>jeunes</strong> une certaine mixité mais que celle-ci disparaît avec l’adolescence. Or c’est bien à cemoment là que s’installe l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> se r<strong>et</strong>rouver dans la rue. De ce fait, le phénomène se présentecomme essentiellement masculin <strong>et</strong> lié à <strong>de</strong>s tranches d’âge précises, <strong>de</strong> « l’âge collège » à l’entréedans la vie adulte. Le cap <strong>de</strong>s 20 ans correspond à une mise à distance <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te forme <strong>de</strong> sociabilitépar les pairs.Dans ce quartier marqué par la diversité culturelle, les regroupements juvéniles sont naturellementmulti<strong>et</strong>hniques. Notamment, les <strong>jeunes</strong> maghrébins vont fréquemment avec les <strong>jeunes</strong> africains.Mais ce brassage <strong>et</strong>hnique comporte <strong>de</strong>s limites. Les <strong>jeunes</strong> issus <strong>de</strong>s communautés turques <strong>et</strong>tsiganes, fortement représentées au Neuhof, restent entre eux. Mais c<strong>et</strong> entre soi communautaire,très marqué aussi bien dans la rue que dans les lieux spécialisés comme les établissements scolairesou sportifs, peut s’expliquer <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux façons : traduire un réflexe communautaire <strong>et</strong>/ou résulter <strong>de</strong> larépartition spatiale <strong>de</strong>s populations dans le quartier. En eff<strong>et</strong>, les populations d’une même origineétrangère ont tendance à se concentrer dans certaines zones. La population tsigane domine dans lesecteur du Polygone, les familles turques sont localisées dans la gran<strong>de</strong> tour <strong>de</strong> la « <strong>de</strong>mi lune »…C<strong>et</strong>te concentration profile les groupes, accentuant les mécanismes i<strong>de</strong>ntitaires <strong>et</strong> les clivagescommunautaires qui, quelle que soit la communauté considérée, se trouvent renforcés par leslogiques <strong>de</strong> peuplement.Ces assemblages affinitaires entre pairs constituent donc la forme principale <strong>de</strong> regroupement <strong>de</strong> la<strong>jeunes</strong>se dans l’espace public du Neuhof. Une autre forme, bien différente, caractérise le quartier. Ils’agit <strong>de</strong>s individus concentrés sur une <strong>de</strong>s places du quartier qui constitue pour ces <strong>jeunes</strong> impliquésdans le « <strong>de</strong>al » leur lieu <strong>de</strong> travail. Ce phénomène est massif par son implantation centrale dans lequartier <strong>et</strong> par le grand nombre <strong>de</strong> personnes concernées –parfois jusqu’à une cinquantaine <strong>de</strong>participants au groupe. Il est en partie extrêmement visible par la concentration <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> dans unseul espace, mais aussi invisible puisque les plus impliqués dans l’activité illicite ne s’exposent pas surla place. Il draine <strong>de</strong>s tranches d’âges larges allant <strong>de</strong>s 12/16 ans, les plus <strong>jeunes</strong> qui « gravitent »,aux <strong>jeunes</strong> adultes <strong>de</strong> 18/20 ans qui sont les plus nombreux <strong>et</strong> aux plus âgés ancrés dans l’activité.Suite à l’arrivée du tramway qui facilite les liaisons non seulement avec le centre ville mais avec lesautres quartiers <strong>de</strong> l’agglomération strasbourgeoise, l’activité se serait développée. C<strong>et</strong>te évolutionsuscite <strong>de</strong> vives inquiétu<strong>de</strong>s parmi les habitants, les intervenants du site <strong>et</strong> plus largement lesresponsables locaux, <strong>et</strong> est à l’origine du proj<strong>et</strong> d’intervention porté par l’ALP.La spécificité <strong>et</strong> la gravité <strong>de</strong> la situation ont nécessité, en eff<strong>et</strong>, l’élaboration d’une stratégied’intervention spécialisée <strong>et</strong> à long terme auprès <strong>de</strong> ces <strong>jeunes</strong> installés dans le trafic illicite <strong>et</strong> dans<strong>de</strong>s conduites à risque. Vis-à-vis d’eux, en eff<strong>et</strong>, « l’aller vers » ne peut être pratiqué <strong>de</strong> la mêmefaçon que pour les autres groupes affinitaires que nous avons évoqués. Pour autant, c<strong>et</strong>te place n’ajamais été un espace laissé vi<strong>de</strong> par l’action éducative. Celle-ci, jusqu’alors, s’est plutôt construitenon pas sur une approche collective qualifiée <strong>de</strong> « suicidaire » par un éducateur mais sur les contactsindividuels avec les <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> hors du territoire où ils « travaillent » <strong>et</strong> sur une présence discrète surla place, consistant à saluer les <strong>jeunes</strong> sans s’attar<strong>de</strong>r.<strong>Groupes</strong> <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>de</strong> prévention spécialisée – CTPS 2010 - Page 118
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Communauté d’agglomération du P