l’activité <strong>de</strong> boxe thaïlandaise qui attire plusieurs adolescents du square auxquels se joignent au fur<strong>et</strong> à mesure <strong>et</strong> à l’invitation <strong>de</strong>s éducateurs ou <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> eux-mêmes d’autres personnes 163 . Cescombinaisons correspon<strong>de</strong>nt aux <strong>pratiques</strong> les plus répandues : « au départ, on a travaillé avec ungroupe <strong>de</strong> pairs, puis on a greffé d’autres <strong>jeunes</strong> ».Les groupes se fabriquent ainsi autour d’un proj<strong>et</strong> <strong>et</strong> par la transformation <strong>de</strong>s configurationsnaturelles. L’adhésion <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> est bien sûr indispensable, même si elle est parfois hésitante ouirrégulière. L’éducateur remplit un rôle central puisque c’est lui qui effectue les appariements entreles <strong>jeunes</strong>, pris isolément ou déjà en groupes. Il initie <strong>et</strong>/ou accompagne, il capte les dynamiques <strong>et</strong>les m<strong>et</strong> en forme.La fabrication <strong>de</strong>s groupes repose en partie sur les liens spontanés qui unissent les individus, maiselle n’a rien d’improvisé. Elle requiert, au contraire, un vrai savoir-faire <strong>et</strong> un cadre éducatif. Plusieursprincipes ou impératifs gui<strong>de</strong>nt, en eff<strong>et</strong>, l’action <strong>de</strong> l’éducateur « fabricant <strong>de</strong> groupe » qui doitprendre en compte différents facteurs. Tout d’abord, si le groupe constitué est en partieartificiellement créé, il ne peut que reposer sur une dynamique affinitaire. Aux éducateursd’effectuer ce pronostic <strong>de</strong> bonne entente <strong>et</strong> d’évaluer la capacité <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> à s’entendre <strong>et</strong> àformer un tout relativement homogène. La prévalence <strong>de</strong> la variable affinitaire explique que lesgroupes sont principalement constitués selon la troisième voie, c’est-à-dire d’abord par lamobilisation <strong>de</strong>s pairs afin d’assurer dès le départ la cohésion d’ensemble, puis par un élargissementà d’autres membres : « avec l’accord du groupe, on a greffé quelques <strong>jeunes</strong> mais il ne faut pas qu’il yait mésentente ». L’adjonction <strong>de</strong> nouvelles personnes extérieures aux pairs peut représenter unrisque pour le collectif préexistant <strong>et</strong> pour l’individu lui-même qui peut être rej<strong>et</strong>é, ce qui conduitnotre interlocuteur à prolonger son propos « il nous a semblé difficile <strong>de</strong> ne greffer qu’un seuljeune ». La modification <strong>de</strong> la forme groupale suppose donc une attention éducative renouvelée pourle maintien <strong>de</strong> son équilibre. Et il arrive ensuite que ce groupe continue à vivre <strong>de</strong> façon autonome,hors <strong>de</strong> l’action éducative, <strong>de</strong>venant alors groupe <strong>de</strong> pairs. Les groupes constitués produisent <strong>de</strong>sgroupes naturels. A l’issue du séjour en Tunisie, les <strong>jeunes</strong> qui ont voyagé ensemble continuent à sefréquenter. Ou bien, autre exemple, après une intervention éducative au sein d’un établissementscolaire qui a permis d’intégrer <strong>de</strong>s collégiens « décrocheurs » à un ensemble d’élèves assidusmenant une activité autour <strong>de</strong> la chanson, le groupe s’est maintenu <strong>et</strong> existe dans une formenaturelle.Ce <strong>de</strong>rnier exemple, <strong>et</strong> le souci préalablement évoqué d’équilibre du groupe, introduisent unenouvelle notion essentielle dans le processus <strong>de</strong> constitution <strong>de</strong>s groupes. Le travail sur lamorphologie du collectif introduit irrémédiablement la question <strong>de</strong> la mixité. C<strong>et</strong>te mixité seprésente comme une exigence <strong>de</strong> type social -les individus les plus en difficulté <strong>et</strong> disposant d’unemoindre capacité par rapport aux autres doivent être pris en compte- <strong>et</strong> comme un outil socioéducatif-la diversité constitue une richesse <strong>et</strong> un atout pédagogique-. Elle est donc mise en avantcomme une préoccupation permanente, un principe directeur <strong>et</strong> est appréhendée à différentsniveaux.163 Voir Partie 1, chapitre 3 – 3, « La boxe thaïlandaise : une activité support pour la socialisation <strong>et</strong> l’insertion socioprofessionnelle<strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> »<strong>Groupes</strong> <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>de</strong> prévention spécialisée – CTPS 2010 - Page 173
Sur le plan <strong>de</strong> l’âge ou du sexe, la mixité existe peu. De même que les groupes naturels dans l’espacepublic, les groupes constitués mêlent peu les âges ou les sexes. Ils se fon<strong>de</strong>nt sur les tranchescorrespondant aux principales pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la <strong>jeunes</strong>se –adolescents, grands adolescents, <strong>jeunes</strong>adultes- déterminant <strong>de</strong>s comportements, <strong>de</strong>s attentes, <strong>de</strong>s préoccupations qui sont différents. Ilsévitent les écarts trop importants susceptibles <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en péril la cohérence d’ensemble. Il en est<strong>de</strong> même pour la mixité filles/garçons qui est peu pratiquée. Les groupes sont d’abord féminins oumasculins. C<strong>et</strong>te segmentation par âge <strong>et</strong> par sexe comporte, cependant, <strong>de</strong>s exceptions qui sontrendues possibles ou souhaitables par la nature du proj<strong>et</strong>. La mixité est alors réfléchie par rapport àla dynamique générale <strong>et</strong>, si elle est introduite, est envisagée comme un élément d’équilibre. Parexemple, <strong>de</strong>s adolescentes participent à un voyage à l’étranger à part égale avec les garçons, ellesstabilisent le groupe, facilitent l’instauration <strong>et</strong> le respect <strong>de</strong>s règles collectives, « calment le jeu »selon l’expression <strong>de</strong> l’éducateur. Celui-ci explique aussi qu’il n’aurait pas tenté la mixité avec <strong>de</strong>spréadolescents, la présence féminine produisant l’eff<strong>et</strong> inverse. Garçons <strong>et</strong> quelques filles très bienintégrées pratiquent ensemble la boxe thaïlandaise, <strong>de</strong> surcroît sans différenciation d’âge. Maisl’entraîneur qui est aussi l’éducateur souligne que c<strong>et</strong>te absence <strong>de</strong> différence sur un double registreconstitue un fait notable.En revanche, introduire ou valoriser la différence sur le plan <strong>et</strong>hnique <strong>et</strong> sur celui <strong>de</strong>s situationspersonnelles se fait régulièrement. Les professionnels s’accor<strong>de</strong>nt sur la diversité <strong>et</strong>hnique. Au<strong>de</strong>meurant, c<strong>et</strong>te diversité ne fait que se déplacer <strong>de</strong> l’espace public où elle constitue déjà uneréalité sauf dans certains territoires notamment ruraux où la répartition rési<strong>de</strong>ntielle induit unesegmentation, à l’espace éducatif. Les groupes constitués rassemblent donc <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> d’originesculturelles variées. Aisé <strong>et</strong> <strong>de</strong>venu naturel pour certaines communautés, le rapprochement l’estmoins pour d’autres, c’est-à-dire les groupes d’origine turque ou tsigane. Mais les éducateurs sedonnent pour objectif <strong>de</strong> perm<strong>et</strong>tre ce qui s’effectue rarement <strong>de</strong> façon spontanée : « dans lesgroupes constitués, on tente toujours la mixité <strong>et</strong>hnique ». Un intervenant évoque la perspectiveouverte à une jeune tsigane, suite à un long travail d’accompagnement socio-éducatif. Saparticipation au collectif, un groupe sportif, profite à son développement personnel. Elle nous <strong>de</strong>nouveaux liens d’amitié, elle reprend le chemin du collège, elle fait <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> voyage avec sesamies.L’incorporation dans le même collectif <strong>de</strong> situations individuelles diverses représente une autreforme <strong>de</strong> mixité que les éducateurs recherchent. Ce n’est pas tant le type <strong>de</strong> difficulté qui diffère,tous les publics suivis par la Prévention se confrontent à <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> nature proche, au moinsen partie. La différence rési<strong>de</strong> plutôt dans le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> gravité qui obère plus ou moins l’avenir <strong>de</strong>s<strong>jeunes</strong>. Elle rési<strong>de</strong> aussi dans la capacité sociale <strong>de</strong>s individus, dans leur aptitu<strong>de</strong> à se mobiliser <strong>et</strong> àsaisir les opportunités favorables. La diversité recherchée repose sur l’idée que les individus qui sontdans <strong>de</strong>s trajectoires favorables peuvent, d’une part, porter le groupe <strong>et</strong>, d’autre part, exercer uneinfluence positive sur ceux qui connaissent <strong>de</strong>s situations très dégradées. Les interlocuteursmultiplient les propos allant dans ce sens : « on ne peut pas faire se rencontrer que <strong>de</strong>s personnes aufond du gouffre », « on a ciblé <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> peu connus, très présents en rue <strong>et</strong> qui déprimaient, nesavaient pas quoi faire », « il faut que la personne soit tirée vers le haut avec le groupe <strong>et</strong> non vers lebas », « on s’appuie sur le groupe pour intégrer <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> plus difficiles, exclus, moins sociables »tout en énonçant la contrepartie nécessaire : « on emmène <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> ressources, <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong>référents », « on a les têtes brûlées mais aussi les lea<strong>de</strong>rs positifs ».<strong>Groupes</strong> <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>de</strong> prévention spécialisée – CTPS 2010 - Page 174
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