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Groupes de jeunes et pratiques de prévention spécialisée

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<strong>de</strong>vient « un régulateur social ». La ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> quartier, c’est l’agrégat naturel d’adolescents <strong>et</strong> ce sontces groupes <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> que l’on observe sur l’espace public <strong>et</strong> qui, en général, investissent fortementleur territoire <strong>de</strong> vie. Le groupe se construit sur un « entre-soi » (il y a « eux » <strong>et</strong> « nous »), qui peutentraîner les provocations habituelles, <strong>et</strong> dans lequel la recherche <strong>de</strong>s limites propres à l’adolescencepeut aller jusqu’à la transgression, voire à la délinquance.Les enjeux <strong>de</strong> sécurité ne doivent pas prendre seulement en considération les symptômes, mais doitconsidérer la diversité <strong>de</strong>s configurations <strong>de</strong> regroupement <strong>et</strong> les processus à l’œuvre pour mieuxcomprendre les situations. Ainsi, en général, les policiers ne sont pas armés pour gérer ce type <strong>de</strong>problème 18 <strong>et</strong> la police est souvent considérée par les <strong>jeunes</strong> comme une ban<strong>de</strong> adverse. La ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>quartier nécessite donc une autre approche plus éducative <strong>et</strong> sociale, qui puisse prendre en compte lafluctuation <strong>de</strong>s groupes dans leur composition, dans leur dynamique <strong>et</strong> considérer que chaque groupeest lié à l’histoire <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong> ses membres.Dans le cadre d’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du Procureur <strong>de</strong> Paris <strong>de</strong> « réaliser, à partir <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong>s faitsconstatés à Paris, <strong>et</strong> en s’aidant <strong>de</strong> la documentation disponible, une étu<strong>de</strong> sur ce qu’il est convenud’appeler le phénomène <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s », Françoise Duvigneau, a coproduit en 2009 un rapport afind’éclairer c<strong>et</strong>te question 19 . Elle souligne qu’une étu<strong>de</strong> menée <strong>de</strong>rrière un bureau <strong>et</strong> avec commematériaux les procédures judiciaires <strong>et</strong> policières, donne un regard particulier. Elle indique enpréalable qu’il existe <strong>de</strong> très fortes interactions <strong>de</strong> groupes <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> entre la banlieue <strong>et</strong> lesarrondissements parisiens périphériques <strong>et</strong> qu’il est en proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> créer une compétence régionaleconcernant les mineurs, au niveau du Parqu<strong>et</strong>, afin qu’elle puisse être saisie quelque soit leur lieud’habitat.Selon Françoise Duvigneau, le phénomène <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s ne se réduit pas seulement à <strong>de</strong>saffrontements sur la voie publique, <strong>et</strong> les regroupements <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> sont divers selon lesarrondissements parisiens. C<strong>et</strong>te démarche <strong>de</strong> regroupement est presque naturelle à l’adolescence,<strong>et</strong> la cartographie <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s établies par la police fait état <strong>de</strong> groupes plus ou moins violents, <strong>et</strong>d’une montée en puissance en termes d’évènements <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux ou trois ans. Elle fait observer quece n’est pas forcément pour délinquer que l’on se regroupe, <strong>et</strong> que ce sont les <strong>jeunes</strong> en groupe surl’espace public ou semi-public (halls, squares, …) qui inquiètent les adultes <strong>et</strong> les populations. Elleprécise que le groupe évacue la responsabilité personnelle <strong>et</strong> que ses membres ont une conscienc<strong>et</strong>rès atténuée <strong>de</strong> leur responsabilité. Le groupe endosse la responsabilité pour tous, ce qui placesouvent les mineurs en gran<strong>de</strong> détresse lorsqu’ils se r<strong>et</strong>rouvent seuls, ou parfois avec leur famille, ensalle d’audience. Enfin, outre les comportements propres aux <strong>jeunes</strong> à l’adolescence, provocation,expérimentation <strong>de</strong>s limites, transgression, les <strong>jeunes</strong> se situent souvent dans une dimension ludiqueavec la police. La « ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> » est opposée à la « ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> policiers ». Il apparaît donc biendifficile <strong>de</strong> dresser une typologie sûre <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong>. Où est le curseur entre la ban<strong>de</strong>dangereuse <strong>et</strong> le groupe <strong>de</strong> copains ? En fait, si la ban<strong>de</strong> désigne le groupe organisé à vocation18 Il faut remarquer que parfois l’intervention policière auprès <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> préadolescents, selon les mêmesprocédures que dans le cadre d’interpellations d’adultes (placages au sol, fouilles corporelles, intimidation parles armes, …) conduit à s’interroger sur la prise en compte du fait que les mineurs ne sont pas <strong>de</strong>s adultes <strong>et</strong> queces <strong>pratiques</strong> risquent d’être en décalage par rapport à l’immaturité juvénile.19 « Le phénomène <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s à Paris », Françoise Duvigneau, Chargée <strong>de</strong> mission, Directrice à la ProtectionJudiciaire <strong>de</strong> la Jeunesse <strong>et</strong> François-Michel DELECOLLE, Commissaire <strong>de</strong> Police chargé <strong>de</strong> mission, Cabin<strong>et</strong> duProcureur <strong>de</strong> la République <strong>de</strong> Paris, 2009.<strong>Groupes</strong> <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>de</strong> prévention spécialisée – CTPS 2010 - Page 29

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