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Groupes de jeunes et pratiques de prévention spécialisée

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C’est sur le plan <strong>de</strong> l’encadrement <strong>de</strong> l’action que rési<strong>de</strong>nt les principales différences. Les contextesinstitutionnels qui orientent l’action diffèrent, aussi bien du côté <strong>de</strong> l’association que <strong>de</strong>s partenaireslocaux <strong>et</strong> <strong>de</strong>s autorités compétentes. De même, le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> formalisation dont c<strong>et</strong>te action peutbénéficier varie, l’exemple le plus avancé étant celui <strong>de</strong> Voiron où <strong>de</strong>s règles ont été explicitementformulées offrant quasiment une « feuille <strong>de</strong> route » aux professionnels. Ces éléments institutionnelssont essentiels car ils <strong>de</strong>ssinent les contours <strong>de</strong> l’action. Mais s’ils la profilent, ils ne la produisent pastotalement, ni ne l’enserrent d’ailleurs. L’action possè<strong>de</strong> sa propre force, elle se déploie aussi parelle-même, <strong>de</strong> façon autonome, en appui sur les compétences détenues par les professionnels.Ce processus d’autoproduction <strong>de</strong> l’action, ou <strong>de</strong> « débor<strong>de</strong>ment », explique certainement le fait queles démarches éducatives suivent une même logique malgré la diversité <strong>de</strong>s cadres. Les mêmesprincipes ou objectifs pédagogiques sont mis en avant, les ressources mobilisées sont i<strong>de</strong>ntiques, lesvigilances <strong>et</strong> pru<strong>de</strong>nces sont similaires d’un site à l’autre. Les aspects communs sont repérables à lafois dans l’approche du groupe (une axiomatique <strong>de</strong> l’abord du groupe), la vision du groupe <strong>et</strong> <strong>de</strong> saconfiguration (fonction socialisante du groupe <strong>de</strong> pairs, passage du groupe naturel au groupeconstitué), les différentes dimensions <strong>de</strong> la relation socio-éducative (confiance, respect <strong>de</strong> l’entre-soi,articulation collectif/individuel…), la posture <strong>de</strong> l’éducateur (présentation <strong>de</strong> soi, explication <strong>de</strong> lafonction éducative…), le déploiement dans le temps <strong>et</strong> dans l’espace du lien éducatif (gestionmaîtrisée du temps, phase <strong>et</strong> lieux d’observation…). Ainsi conçue <strong>et</strong> mise en œuvre, l’action laisseune place centrale au travail <strong>de</strong> rue. La présence « en rue » constitue le meilleur moyen <strong>de</strong> nouer uncontact avec les regroupements juvéniles. Mais c<strong>et</strong>te fonction inaugurale n’épuise pas l’utilité dutravail <strong>de</strong> rue. Celui-ci constitue un temps éducatif autonome, par la possibilité qu’il offre <strong>de</strong> resteren lien avec les <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> par la veille éducative qu’il perm<strong>et</strong>.Récurrents, ces éléments sont <strong>de</strong>s dénominateurs communs constitutifs d’une logique d’interventionauprès <strong>de</strong>s groupes. Ils révèlent une proximité <strong>de</strong>s <strong>pratiques</strong>, mais non une similitu<strong>de</strong>. Par <strong>de</strong>là lepartage <strong>de</strong>s convictions <strong>et</strong> <strong>de</strong>s outils professionnels, en eff<strong>et</strong>, les mises en œuvre sont différenciées.Elles varient selon le profil <strong>de</strong>s équipes, les caractéristiques locales <strong>et</strong> les contextes institutionnelsdont nous avons déjà rappelé la diversité. Le portage <strong>de</strong> l’offre éducative vis-à-vis <strong>de</strong>s groupes, parexemple, illustre bien c<strong>et</strong>te idée. L’approche directe peut être très utilisée dans un site <strong>et</strong> êtreconçue comme une phase ordinaire du schéma d’action, mais être tout à fait exceptionnelle voireabsente, dans un autre site. De même, les supports utilisés sont pluriels, mais ils répon<strong>de</strong>nt tous à lamême utilité éducative.L’homogénéité, établie, <strong>de</strong>s registres d’action <strong>et</strong> <strong>de</strong>s conceptions alimente une idée qui s’avèrecentrale dans notre analyse : le travail auprès <strong>de</strong>s groupes n’est ni improvisé, ni dû au hasard. C<strong>et</strong>tehomogénéité est la preuve que l’action menée par tel ou tel professionnel n’est ni isolée, ni laissée àsa seule subjectivité. C<strong>et</strong>te action est construite. Elle l’est, a fortiori, dans les sites qui ont produit uncanevas d’action. Mais elle l’est aussi dans les sites où une telle démarche n’a pas eu lieu. Dans cecas, l’absence <strong>de</strong> conceptualisation explique, peut être, la perception <strong>de</strong> prime abord <strong>de</strong>séducateurs. Interrogés, ceux <strong>de</strong> la JEEP par exemple, sont d’abord hésitants. Puis le propos s’affirme.La présentation <strong>et</strong> l’explicitation <strong>de</strong>s actions quotidiennes opèrent une mise à distance qui rendvisible ce qui s’effectue spontanément, <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tent à l’un d’entre eux <strong>de</strong> confier : « il existe unestratégie qui n’est pas forcément formalisée ni en équipe, ni par moi-même. C’est en discutant que jeprends la mesure <strong>de</strong> mon action <strong>et</strong> <strong>de</strong> ma stratégie ». L’appréhension, dans un premier temps, très<strong>Groupes</strong> <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>de</strong> prévention spécialisée – CTPS 2010 - Page 190

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