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Groupes de jeunes et pratiques de prévention spécialisée

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interlocuteurs, <strong>de</strong> « patiente <strong>et</strong> respectueuse ». Elle peut être caractérisée ainsi dans le sens où leséquipes éducatives construisent avec les groupes un lien qui est fait à la fois <strong>de</strong> persévérance, <strong>de</strong>constance <strong>et</strong> d’empathie.Le travail auprès <strong>de</strong>s groupes repose sur l’existence <strong>de</strong> qualifications sociales qui perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong>mobiliser <strong>de</strong>s outils <strong>et</strong> <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s adaptés en fonction <strong>de</strong> la perception <strong>de</strong>s situations. Il enappelle aussi à la subjectivité ou à l’engagement du professionnel. Ce registre <strong>de</strong> l’engagementaffleure rapi<strong>de</strong>ment dans les récits éducatifs qui insistent avec beaucoup <strong>de</strong> force sur le sentiment <strong>de</strong>« confiance ». Placée au cœur <strong>de</strong> la relation avec les groupes, c<strong>et</strong>te confiance traduit une sorted’acclimatation <strong>de</strong>s uns aux autres, les éducateurs réussissant à gagner l’adhésion <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> legroupe acceptant l’offre <strong>de</strong> socialisation que représente l’action éducative. Ces processus <strong>de</strong>rapprochement, d’adhésion peuvent s’effectuer par la simple présence répétée auprès <strong>de</strong>s groupesqui sont dans la rue, mais sans objectif plus précis qu’être avec eux. « On essaie d’être avec eux »racontent les équipes évoquant c<strong>et</strong>te pratique faussement mo<strong>de</strong>ste <strong>et</strong> non dénuée d’une véritableportée éducative puisque c’est ainsi que se crée la confiance. C<strong>et</strong>te forme d’action s’adresse à tousles groupes <strong>et</strong>, en particulier, à ceux qui sont éphémères. De c<strong>et</strong>te façon, les éducateurs leurmanifestent une présence attentive <strong>et</strong> respectueuse qui a peu <strong>de</strong> chance <strong>de</strong> déboucher sur uneaction construite puisque le groupe ne dure pas, mais qui témoigne d’une prise en considération.C<strong>et</strong>te pratique se fon<strong>de</strong>, par ailleurs, sur une vision endogène, pourrait-on dire, du groupe. En eff<strong>et</strong>,l’absence d’activité visible <strong>et</strong> tangible parmi les <strong>jeunes</strong> réunis ne signifie pas qu’il ne se passe rien.Dans ce vi<strong>de</strong> apparent, le groupe est actif, il s’autoproduit <strong>et</strong> se transforme. Le fait que, selon laformule d’un responsable professionnel, « le groupe qui fait rien, ne fait pas rien » suffit à démontrerl’intérêt à la fois <strong>de</strong> ménager c<strong>et</strong> entre-soi <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> mais aussi d’y faire accé<strong>de</strong>r ponctuellement <strong>de</strong>sadultes bienveillants susceptibles d’accompagner c<strong>et</strong>te évolution.A d’autres moments, la confiance naît <strong>de</strong>s propositions d’actions ou perspectives que les éducateurspeuvent ouvrir, apparaissant aux yeux <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> comme une ressource crédible : « l’adhésion se faitdans la force <strong>de</strong> proposition que nous sommes <strong>et</strong> là nous pouvons tisser quelque chose ». La confiancequi s’établit entre les <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> l’éducateur est une composante du modèle professionneld’intervention, mais est aussi un sentiment qui relie <strong>de</strong>ux subjectivités <strong>et</strong> qui, à ce titre, est fragile.En eff<strong>et</strong>, l’apprivoisement réciproque se rejoue en permanence. La relation éducative ne suit pas unschéma linéaire avec <strong>de</strong>s étapes qui s’enchainent dans le temps. Elle correspond à un processuscomplexe <strong>et</strong> itératif qui nécessite une vigilance professionnelle constante pour mesurer l’évolution<strong>de</strong> la relation, le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> confiance ou d’adhésion du groupe à la parole éducative. Les outils oumo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> faire mobilisés pour exercer c<strong>et</strong>te veille sont en partie ceux qui sont utilisés dès le débutpour l’entrée en contact avec les groupes. L’intervention en rue est reconvoquée, associée <strong>de</strong> mêmeà l’observation active du groupe pour en comprendre le fonctionnement ou au souci <strong>de</strong> bien gérer lapériodicité <strong>de</strong> la rencontre <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’échange. Ce sont les mêmes formules qui reviennent alors lorsqueles éducateurs décryptent le contenu <strong>de</strong> leur pratique avec les groupes connus : « on passequotidiennement sur les secteurs où on a engagé un travail» ou encore « on passe dire bonjour aux<strong>jeunes</strong> ».La permanence <strong>de</strong>s outils <strong>et</strong> mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> faire ne surprend pas puisqu’il s’agit là <strong>de</strong> la spécificité <strong>de</strong>l’intervention en Prévention spécialisée. Mais la continuité en termes <strong>de</strong> métho<strong>de</strong> cache unedifférence d’usage ou d’objectif. Parvenus à établir une relation durable, même si elle est irrégulière<strong>Groupes</strong> <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>de</strong> prévention spécialisée – CTPS 2010 - Page 169

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