modifier les comportements individuels dans la vie <strong>de</strong> tous les jours 169 . En ce sens, le sport constitueun vecteur <strong>de</strong> socialisation, d’intégration <strong>de</strong> normes collectives, <strong>de</strong> respect <strong>de</strong>s autres mais aussi <strong>de</strong>révélation <strong>de</strong> soi. Les quelques exemples que nous avons rapportés montrent que le sport a offert à<strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> la possibilité <strong>de</strong> s’investir dans un proj<strong>et</strong> fort <strong>et</strong> <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre à jour leurs capacités sur le plan<strong>de</strong> l’activité physique ou en tant que « lea<strong>de</strong>r positif ».Le troisième domaine, récurrent dans les <strong>pratiques</strong>, est celui <strong>de</strong>s séjours <strong>et</strong> <strong>de</strong>s voyages. Lesexemples sont nombreux, aussi bien <strong>de</strong> voyages à l’étranger -Mali, Tunisie, Suisse, Italie, Londres…-parfois sous une forme itinérante comme le circuit en bus <strong>de</strong> Budapest à Vienne, que <strong>de</strong> séjours enFrance comme le weekend end sportif à Dieppe ou le camping au Tréport. Ces initiatives constituent,manifestement, <strong>de</strong>s temps forts dans le travail éducatif. De plusieurs semaines à une paire <strong>de</strong> jours,elles présentent <strong>de</strong> l’intérêt par le simple fait <strong>de</strong> déplacer les <strong>jeunes</strong> hors <strong>de</strong> leur lieu d’habitation.Quitter la cité natale ou le quartier dérobe le jeune au regard stigmatisant <strong>de</strong> son environnementquotidien <strong>et</strong> l’autorise à changer <strong>de</strong> comportement, à exister différemment. Par ailleurs, c<strong>et</strong>éloignement, même très temporaire, constitue une confrontation avec l’extérieur <strong>et</strong>, par là, uneouverture à un autre mon<strong>de</strong>. C<strong>et</strong>te dimension est n<strong>et</strong>tement marquée lorsqu’il s’agit <strong>de</strong> voyages àl’étranger. La découverte d’autres cultures, d’autres mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie conduit à <strong>de</strong>s prises <strong>de</strong> consciencecomme celle <strong>de</strong> l’existence, hors <strong>de</strong> France, d’une pauvr<strong>et</strong>é dans les pays <strong>de</strong> l’Est traversés lors dupériple Budapest/Vienne. Le départ à l’étranger comporte également <strong>de</strong>s avantages connexes queles professionnels savent m<strong>et</strong>tre à profit. Passer la frontière oblige, en eff<strong>et</strong>, à démêler les situationssur le plan administratif, ne serait-ce que pour disposer <strong>de</strong> pièces d’i<strong>de</strong>ntité vali<strong>de</strong>s ou d’imprimé <strong>de</strong>prise en charge médicale. Pour effectuer c<strong>et</strong>te clarification, les éducateurs sont amenés à rencontrerles parents qu’ils ne connaissent pas forcément. Ils saisissent donc c<strong>et</strong>te opportunité pour impliquerles familles dans le proj<strong>et</strong>, outre la contribution financière qui leur est <strong>de</strong>mandée, <strong>et</strong> installer uncontact sur une plus longue durée.Sur le plan du collectif, qui nous concerne précisément, ces actions présentent <strong>de</strong>s atouts multiples.Tout d’abord, comme les activités socioculturelles ou sportives précé<strong>de</strong>ntes, mais ici sur <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>splus longues, elles favorisent <strong>de</strong>s apprentissages sur le plan <strong>de</strong> la vie sociale <strong>et</strong> sur celui <strong>de</strong>l’organisation du quotidien 170 . Le groupe apprend à s’autoréguler, selon le terme employé parquelques professionnels qui racontent la vie <strong>de</strong> groupe durant ces déplacements <strong>et</strong> la façon dont lecollectif gère <strong>de</strong>s inci<strong>de</strong>nts -un vol dans un supermarché commis par l’un d’entre eux- ou lessituations critiques qui ne manquent <strong>de</strong> survenir en pays étranger. Le montage du proj<strong>et</strong> dans lequelles <strong>jeunes</strong> sont très impliqués ou du moins sollicités pour l’être, constitue, par ailleurs, uneexpérience enrichissante. Il rend concrète l’idée du départ qui n’appartient pas à l’horizon immédiat<strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong>. Il oblige à décomposer les étapes <strong>et</strong> à anticiper. Il offre au travail éducatif la ressource dutemps.Le facteur temps, évoqué à différentes reprises, réapparaît ici. L’inscription dans la durée constitueun atout majeur <strong>de</strong> ce type d’activité. La relation entre les <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> les éducateurs est appelée àexister <strong>de</strong> façon non pas ponctuelle <strong>et</strong> incertaine, mais continue. Elle existe, en eff<strong>et</strong>, avant, pendant169 Voir Partie 1, chapitre 2 – 3 « le foot féminin ou le sport comme levier d’action avec les groupes » <strong>et</strong> chapitre 3 – 3 « Laboxe thaïlandaise : une activité support pour la socialisation <strong>et</strong> l’insertion socio-professionnelle <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> »170 Voir Partie 1, chapitre 1 – 2 « Le voyage aux portes du désert : une expérience collective à la découverte <strong>de</strong>s autres <strong>et</strong> <strong>de</strong>soi-même ».<strong>Groupes</strong> <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>de</strong> prévention spécialisée – CTPS 2010 - Page 179
<strong>et</strong> après le départ. Avant, car les phases préparatoires qui fortifient les liens <strong>et</strong> la solidarité au sein dugroupe, multiplient les rencontres. Après, car au r<strong>et</strong>our se m<strong>et</strong>tent en place <strong>de</strong>s suivis individuels ounaissent <strong>de</strong> nouveaux proj<strong>et</strong>s. Il y a un eff<strong>et</strong> d’entraînement : un proj<strong>et</strong> réussi en engage un autre.C’est d’ailleurs la visée explicite <strong>de</strong>s éducateurs : « quand on organise <strong>de</strong>s courts séjours, c’estsouvent la mise en place <strong>de</strong> bases pour autre chose qui viendra après ». Pendant, car voyager avec ungroupe c’est passer du temps ensemble. Ce temps dédié que rien d’extérieur au proj<strong>et</strong> ne vienttroubler, est précieux pour la démarche éducative. Les professionnels qui s’engagent dans <strong>de</strong> telsproj<strong>et</strong>s, passionnants mais accaparants <strong>et</strong> exigeants, en reconnaissent tout le bénéfice : « le voyage,c’est une continuité pour approfondir notre connaissance <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> notre relation avec eux »,« ces séjours perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> creuser d’autres problématiques, on passe du temps avec eux ce quifavorise le dialogue <strong>et</strong> l’échange ».Le quotidien qui crée une proximité –« c’était très familial » confie un éducateur-, la vie hors ducadre habituel <strong>et</strong> la pression du collectif qui oblige chacun à affermir son i<strong>de</strong>ntité se prêtentvraisemblablement à une forme authentique <strong>de</strong> « partage relationnel ».Ainsi que nous venons <strong>de</strong> l’analyser, le voyage comme le sport ou le loisir socioculturel requiert unedynamique collective <strong>et</strong> va dans le sens <strong>de</strong> l’eff<strong>et</strong> recherché par l’intervention éducative auprès <strong>de</strong>sgroupes. Sans doute, c<strong>et</strong>te caractéristique en fait, comme pour les <strong>de</strong>ux autres domaines, un champà investir. Mais les usages professionnels sont aussi liés à une série <strong>de</strong> facteurs qui sont extérieurs aucontenu même <strong>de</strong> l’activité <strong>et</strong> à sa portée éducative. En eff<strong>et</strong>, les proj<strong>et</strong>s réalisés nécessitent <strong>de</strong>smontages qui s’appuient sur un ensemble <strong>de</strong> ressources existant au sein du collectif professionnelou, plus largement, <strong>de</strong> l’espace local. Les compétences, les « talents », les goûts <strong>de</strong> tel ou telprofessionnel qui lui-même pratique une discipline sportive ou artistique par exemple, donnent vie à<strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> créent l’envie chez les <strong>jeunes</strong>. Des éléments propres à la vie locale constituentégalement <strong>de</strong>s données objectives qui expliquent les choix <strong>de</strong>s activités : accords locaux <strong>de</strong>coopération qui donnent le cadre nécessaire à l’organisation <strong>de</strong> voyages, politiques culturelleslocales offensives qui visent à ouvrir à tous l’accès aux équipements culturels <strong>et</strong> se traduisent par <strong>de</strong>starifs très avantageux, installations sportives nombreuses <strong>et</strong> bien réparties sur le territoire…. Latrajectoire personnelle <strong>de</strong> l’éducateur <strong>et</strong> les caractéristiques du site déterminent, en partie, l’activitémise en œuvre <strong>et</strong> sont pareillement mis à disposition du proj<strong>et</strong> éducatif.4 – Pourquoi travailler avec les groupes ?L’effectivité <strong>de</strong> la pratique éducative auprès <strong>de</strong>s groupes ouvre, en fin d’analyse, un <strong>de</strong>rnier champ<strong>de</strong> réflexion. Ce champ porte, non plus sur le contenu <strong>et</strong> les mo<strong>de</strong>s d’intervention, mais sur lesmotivations <strong>de</strong> l’action. Pour quelles raisons la Prévention spécialisée agit en faveur <strong>de</strong>s groupes ?Certes, nous l’avons déjà noté, les rassemblements juvéniles constituent un fait qui s’impose auxéquipes éducatives. Ces rassemblements sont présents dans l’espace public, ils constituent uneréalité physique <strong>et</strong> sociologique. Par ailleurs, c’est bien la <strong>jeunes</strong>se rassemblée dans la rue <strong>et</strong>lorsqu’elle est fragilisée, qui correspond au public cible <strong>de</strong> la Prévention spécialisée vis-à-vis <strong>de</strong>laquelle il faut pratiquer une mise à disposition. Ces éléments apportent une explication immédiate<strong>et</strong> juste <strong>de</strong> l’existence d’une telle action. Pour autant, ils ne suffisent pas à rendre compte <strong>de</strong><strong>Groupes</strong> <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>de</strong> prévention spécialisée – CTPS 2010 - Page 180
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