sans emploi ou exclus <strong>de</strong> l’école 10 . La variété <strong>de</strong>s configurations, tant dans la stabilité <strong>de</strong> la ban<strong>de</strong>, quedans sa structuration <strong>et</strong> son organisation, diffère <strong>de</strong>s années 60, où chaque ban<strong>de</strong> apparaissaitrelativement stable dans sa durée <strong>et</strong> sa composition 11 , même si elle attirait souvent <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong>satellitaires, « halo <strong>de</strong> nombreux <strong>jeunes</strong> sympathisants, ou « postulants » que forment les <strong>jeunes</strong> <strong>de</strong> larue. Ainsi, plusieurs formes d’agrégations juvéniles plus ou moins dominantes peuvent êtrei<strong>de</strong>ntifiées 12 .Certains distinguent aussi la « ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> quartier » <strong>et</strong> la « ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> mouvement ».« La ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> quartier » est la ban<strong>de</strong> traditionnelle par excellence. Toujours là, en perpétuelrecommencement, restreinte certaines années, en pleine expansion à d’autres époques, elle sembleexister <strong>de</strong>puis que la ville existe. Elle traverse les mo<strong>de</strong>s, même si elle s’encolore. Elle était là avant lesmo<strong>de</strong>s, elle sera là après. La ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> quartier est d’abord un regroupement d’adolescents… ». « Laban<strong>de</strong> <strong>de</strong> mouvements », la ban<strong>de</strong> qui, tout en obéissant aux règles classiques <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong>sban<strong>de</strong>s, se trouve une i<strong>de</strong>ntité autour d’un thème (ou <strong>de</strong> plusieurs), partagé par d’autres ban<strong>de</strong>s. Onpeut dire alors que c<strong>et</strong>te ban<strong>de</strong> s’intègre à un mouvement dont elle adoptera l’apparence, lespréférences <strong>et</strong> l’engagement. Ce n’est plus le quartier qui sou<strong>de</strong> la ban<strong>de</strong>, mais une communautéd’attitu<strong>de</strong>s. … Le premier choix <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te ban<strong>de</strong> sera, généralement, un choix musical » 13 .Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la crise socio-économique, la trame qui organise le pacte social se modifieprogressivement. La disparition <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s idéologies signifiantes, l’affaiblissement <strong>de</strong>s solidaritéstransgénérationnelles, la valorisation <strong>de</strong> l’individualisme <strong>et</strong> <strong>de</strong> la réussite individuelle, l’insécuritésociale <strong>et</strong> personnelle qui en résultent, ont vu émerger la sécurité comme valeur à rechercher <strong>et</strong> lesentiment d’insécurité comme obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> lutte <strong>de</strong> toutes les politiques publiques.Autant dans la décennie 1980, <strong>et</strong> au début <strong>de</strong> 1990, l’accent est mis alors sur la prévention <strong>de</strong> ladélinquance <strong>et</strong> l’importance <strong>de</strong> la solidarité <strong>et</strong> <strong>de</strong>s <strong>pratiques</strong> éducatives 14 dans les stratégies à m<strong>et</strong>treen place, autant à partir <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong>s années 1990 (Congrès <strong>de</strong> Villepinte 1997) la place <strong>de</strong> laresponsabilité individuelle <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> aux comportements délinquants <strong>et</strong> <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> leurs famillescomme « démissionnaires » va prévaloir, renforçant ainsi les stratégies sanctionnelles <strong>et</strong> répressivesau détriment <strong>de</strong>s stratégies éducatives <strong>et</strong> <strong>de</strong> la responsabilisation <strong>de</strong>s communautés <strong>de</strong> vie.Les <strong>jeunes</strong> qui se regroupent sur l’espace public, en rupture avec la famille <strong>et</strong> l’école, sont caractériséspar un stigmate commun, le fait que très souvent ils sont d’origine immigrée. Français <strong>de</strong> droit, ilssont perçus comme d’origine étrangère <strong>et</strong> s’ajoute au rej<strong>et</strong> <strong>de</strong> leurs turbulences <strong>et</strong> <strong>de</strong> leursprovocations, une ségrégation raciale. « Si ces <strong>jeunes</strong> peuvent être <strong>de</strong> la même origine <strong>et</strong>hnique,l’appartenance à une <strong>et</strong>hnie n’est pas un moteur <strong>de</strong> regroupement. La ban<strong>de</strong> reflète la composition10 Cf François Dub<strong>et</strong> « La galère : <strong>jeunes</strong> en survie », Paris, Fayard 198711 « Les barjots. Essai d’<strong>et</strong>hnologie <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong>», Jean Monod, Paris Hach<strong>et</strong>te Littérature, 2007 ;12 Jean-Yves Barreyre distingue les formes suivantes : « cercle » : la ban<strong>de</strong> limite <strong>et</strong> protège… « hor<strong>de</strong> » : laban<strong>de</strong> perm<strong>et</strong> l’effervescence festive, la dépense d’une énergie qui n’est orientée ni dans l’école, ni dans l<strong>et</strong>ravail, ni dans le sport… « équipe » : la ban<strong>de</strong> r<strong>et</strong>rouve la chaleur <strong>de</strong> la communauté <strong>de</strong> base (la troupe) <strong>et</strong>perm<strong>et</strong> l’adhésion…13 « Skiinheads, taggers, zulus & co », Patrick Louis <strong>et</strong> Laurent Prinaz, La Table Ron<strong>de</strong> 1990.Cf. sur ce thème l’audition <strong>de</strong> Laurent Perroux.14 Rapport <strong>de</strong> la Commission <strong>de</strong>s Maires en 1981 « Prévention, Répression, Solidarité »<strong>Groupes</strong> <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>de</strong> prévention spécialisée – CTPS 2010 - Page 27
<strong>et</strong>hnique du quartier : moins il y a <strong>de</strong> diversité <strong>et</strong>hnique, plus la ban<strong>de</strong> a tendance à être mono<strong>et</strong>hnique.Le critère <strong>et</strong>hnique participe donc à la construction du stigmate » 15 .La Loi <strong>de</strong> Prévention <strong>de</strong> la Délinquance, du 5 mars 2007, en assignant l’ensemble <strong>de</strong>s politiquespubliques à <strong>de</strong>s objectifs <strong>et</strong> <strong>de</strong>s dispositions liés à la prévention <strong>de</strong> la délinquance, à la préventionsituationnelle <strong>et</strong> à la sécurité, ne fait que « codifier » la mise en œuvre <strong>de</strong> ce regard <strong>et</strong> <strong>de</strong>s actions quien découlent.Les procédures préconisées, <strong>de</strong> surveillance <strong>et</strong> <strong>de</strong> contrôle, sur la base <strong>de</strong> recension d’informationsnominatives, instituent d’emblée les <strong>jeunes</strong> en groupe sur l’espace public comme fauteurs <strong>de</strong>troubles, délinquants potentiels. Tout groupe <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> sur l’espace public est considéré comme une« ban<strong>de</strong> asociale ou délinquante ».Alors que les problématiques sociétales sont différentes entre la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>s années 1960-1980 <strong>et</strong>notre époque, l’émergence <strong>de</strong> la même représentation sociale du phénomène interroge au fil dutemps <strong>et</strong> à plusieurs années d’intervalle.Ainsi, les quelques 80 ban<strong>de</strong>s dont la présence est évoquée sur Paris <strong>et</strong> la Seine en octobre 1959 16présagent les 65 ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> qui sévissent sur Paris (225 sur le territoire national), commel’annoncent les manch<strong>et</strong>tes <strong>de</strong>s journaux en mars 2009. Comment interpréter la teneur <strong>de</strong> cesinformations <strong>et</strong> leur véracité ? L’actualité telle qu’elle est présentée en juin 2009 correspond-elle àune réalité ? Afin <strong>de</strong> comprendre, la Commission a auditionné <strong>de</strong>ux chercheurs dont les travaux ontporté très récemment sur ces questions.A partir <strong>de</strong>s évènements qui se sont déroulés sur la Gare du Nord, Serge Supersac 17 s’est engagé en2007-2008, dans une étu<strong>de</strong> sur les ban<strong>de</strong>s, qui l’a conduit sur divers sites où se déroulèrent <strong>de</strong>sviolences collectives (notamment Evreux <strong>et</strong> Perpignan, Clichy sous Bois <strong>et</strong> Villiers le Bel). Il faitd’emblée remarquer qu’à partir <strong>de</strong>s faits <strong>et</strong> évènements qu’il a pu analyser sur la base <strong>de</strong>témoignages ou <strong>de</strong> rapports, ce n’est pas parce que l’évènement est spectaculaire qu’il estpréoccupant. En outre, la tentation d’expliquer ces phénomènes à partir d’une réalité univoque quiserait la ban<strong>de</strong> n’est pas satisfaisante. Il précise que, si l’on veut tenter une typologie, « la ban<strong>de</strong><strong>et</strong>hnique » (quelle est-elle ? pourquoi existe-t-elle ?) lui apparaît le plus important fantasme véhiculé,construit par les médias en recherche <strong>de</strong> spectaculaire <strong>et</strong> qui manifestement est une fausse piste pourcomprendre le phénomène. Les regroupements ne sont que la représentation du peuplement d’unquartier <strong>et</strong> le refl<strong>et</strong> <strong>de</strong> sa population. Les évènements <strong>de</strong> violence collective apparaissent plutôtcomme la résultante d’une alchimie <strong>de</strong> situations diverses qui fait émerger le sentimentcommunautaire, mais « l’<strong>et</strong>hnique en tant que tel n’existe pas ».En fait, une distinction plus proche <strong>de</strong> la réalité serait <strong>de</strong> considérer « les ban<strong>de</strong>s mafieuses » <strong>et</strong> « lesban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> quartier ». La ban<strong>de</strong> mafieuse, ou ban<strong>de</strong> organisée, fonctionne sur la base d’un choix <strong>de</strong>vie <strong>de</strong> ses membres, basé sur la marginalité <strong>et</strong> le business, <strong>et</strong> participe à l’économie souterraine qui15 Elodie Tournebise « Les phénomènes <strong>de</strong> ban<strong>de</strong>s en France » - Forum français pour la sécurité urbaine - 200116 Revue <strong>de</strong> prophylaxie sanitaire <strong>et</strong> sociale - Octobre 1959 « Les quelques 80 ban<strong>de</strong>s groupant, pour Paris <strong>et</strong> laSeine, près <strong>de</strong> 10.000 enfants, n’ont pas en général, <strong>de</strong> structure soli<strong>de</strong> <strong>et</strong> représentent plutôt <strong>de</strong>s communautés<strong>de</strong> quartier, dont la raison d’être n’est pas la délinquance, mais le double sentiment <strong>de</strong> sécurité <strong>et</strong> <strong>de</strong> puissancequ’elles procurent à leurs membres ». Cité par Emile Copfermann in « La génération <strong>de</strong>s blousons noirs »François Maspéro - 196217 Policier - Chercheur à l’Institut <strong>de</strong>s Hautes Etu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la Sécurité Intérieure<strong>Groupes</strong> <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>de</strong> prévention spécialisée – CTPS 2010 - Page 28
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