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Groupes de jeunes et pratiques de prévention spécialisée

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avec les <strong>jeunes</strong>, les éducateurs se situent davantage dans une logique immédiate d’action : « quandon se sent accepté <strong>et</strong> reconnu, on essaie <strong>de</strong> faire émerger la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> », « instaurer une relation <strong>de</strong>confiance <strong>et</strong> envisager une action collective plus poussée ». Ils agissent moins en référence à unevisée éducative d’ensemble qui, d’évi<strong>de</strong>nce, est présente dès l’abord du groupe mais reste lointaine,qu’avec une perspective concrète d’action qui peut se réaliser à tout moment puisque le cadre en estposé. Néanmoins, c<strong>et</strong>te perspective peut m<strong>et</strong>tre du temps ou ne jamais advenir, du moins dans laforme dans laquelle est apparu le groupe.L’inscription dans une temporalité incertaine constitue, en eff<strong>et</strong>, un autre aspect <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te relationéducative qui, <strong>de</strong> ce fait, doit se montrer patiente. L’incertitu<strong>de</strong> provient d’abord <strong>de</strong> la difficulté àentreprendre un travail régulier <strong>et</strong> suivi avec les collectifs qui, eux-mêmes, ont une vie interneperturbée ou adossée à <strong>de</strong>s rythmes qui leur sont propres, selon l’évolution <strong>de</strong> leurs préoccupationsou <strong>de</strong>s histoires individuelles. « Il y a <strong>de</strong>s moments où on les voit, <strong>de</strong>s moments où on ne les voit pas »constatent les éducateurs qui composent avec c<strong>et</strong>te irrégularité. De même, ils intègrent dans lagestion <strong>de</strong> leur activité professionnelle le temps long du travail avec les groupes. L’expression d’une<strong>de</strong>man<strong>de</strong> ou d’une attente n’arrive qu’à l’issue d’une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> rue. Conséquence certainement <strong>de</strong>l’irrégularité ou <strong>de</strong> la dimension collective qui ralentit le temps, c<strong>et</strong> allongement <strong>de</strong> l’action estlargement souligné. Ces <strong>de</strong>ux caractéristiques, irrégularité <strong>et</strong> longue durée, <strong>de</strong>ssineraient ainsi un<strong>et</strong>emporalité spécifique du travail avec les groupes.S’il prend forme, le proj<strong>et</strong> éducatif peut s’amorcer alors à différents niveaux. Il est relié à une idéeconcrète dont les contours s’affinent progressivement en fonction <strong>de</strong>s potentialités décelées au seindu groupe, en fonction <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s individuelles ou collectives qui s’expriment ou qui sontpressenties par les éducateurs.Défaire le groupe ?La relation plus pérenne entre l’éducateur <strong>et</strong> les groupes naturels s’engage avec la poursuited’objectifs divers <strong>et</strong> porte l’action éducative au-<strong>de</strong>là du seul « être avec eux ». Elle peut conserverune visée collective ou revêtir une dimension plus individuelle, ou bien associer les <strong>de</strong>ux logiquesd’action. Elle peut affermir le caractère spontané ou naturel <strong>de</strong> l’organisation juvénile ou lecomprom<strong>et</strong>tre. L’intervention éducative, quelles qu’en soient les formes précises, introduit unedynamique nouvelle <strong>et</strong>, en cela, perturbe l’ordre collectif initial.Le travail avec les groupes, en eff<strong>et</strong>, ne se réalise pas forcément <strong>et</strong> à tout moment dans une formecollective. Passé le temps du premier abord, forcément collectif, il peut évoluer vers <strong>de</strong>saccompagnements socio-éducatifs effectués séparément en faveur <strong>de</strong> membres du groupe. C’estainsi, par exemple, qu’intervient l’équipe Mozaïc vis-à-vis d’un groupe qui squatte dans une impassedu quartier <strong>et</strong> qui est composé <strong>de</strong> grands adolescents confrontés à <strong>de</strong>s situations lour<strong>de</strong>s sur le planfamilial, scolaire ou professionnel <strong>et</strong> impliqués dans le trafic illicite 158 . Le souci premier <strong>de</strong> créer <strong>et</strong> <strong>de</strong>maintenir le lien a rendu possibles <strong>de</strong>s interventions individuelles. Ce sont les <strong>de</strong>ux <strong>jeunes</strong> déjàconnus par les éducateurs qui ont d’abord <strong>de</strong>mandé une ai<strong>de</strong>, ouvrant la voie aux autres personnes.Finalement, les éducateurs ont reçu beaucoup <strong>de</strong> sollicitations individuelles <strong>et</strong> ont accompagné158 Voir Partie 1, chapitre 3-3, « Cap Moqu<strong>et</strong>te »<strong>Groupes</strong> <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>de</strong> prévention spécialisée – CTPS 2010 - Page 170

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